Les enfants ont soif d’aller à l’école

Les crises qui affectent Haïti mettent à mal l’éducation de milliers d’enfants. Il est plus que jamais temps d’agir pour leur permettre, ainsi qu'à tous les autres enfants laissés pour compte, non seulement de rattraper les jours de classes perdus, mais aussi de leur redonner espoir en un avenir meilleur. C'est mon appel aux membres du G7.

03 avril 2023 par Nesmy Manigat, Minister of Education, Haiti
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Des élèves dans leur salle de classe à l'école St Matthieu de Hinche en Haïti. Crédit : GPE/Chantal Rigaud
Des élèves dans leur salle de classe à l'école St Matthieu de Hinche en Haïti.
Credit: GPE/Chantal Rigaud

Il y a de cela environ trois mois, j’ai été interpellé par une jeune fille de 14 ans qui prenait la parole au nom de ses camarades, à l’occasion de l’inauguration d’un lycée technique et professionnel par le Premier Ministre, Dr Ariel Henry.

Elle lançait un cri d’alarme afin de poursuivre en toute quiétude l’année scolaire : « Donnez-moi la chance de terminer mon année scolaire. ». Son cri traduit les préoccupations de toute une génération qui a soif d’aller à l’école.

En réalité, le système éducatif haïtien fait face aux conséquences de trois pandémies : la Covid-19, les crises socio-politiques et la désertion des enseignants qualifiés. Au total, 190 jours de classes ont été perdu par la majorité des élèves haïtiens de septembre 2019 à aujourd’hui, soit l’équivalent d’une année scolaire entière.

À cela, il faut ajouter plusieurs catastrophes naturelles, en particulier le tremblement de terre de 2010 qui avait fait plus de 250 000 morts et affecté jusqu’à 80 % les écoles dans le département de l’Ouest d’Haïti.

Ces catastrophes impactent l’accès à l’école de milliers d’enfants en raison des problèmes économiques des familles en proie à une insécurité alimentaire. Ainsi, le gouvernement vient d’annoncer qu’il s’apprête dans les prochains jours à démarrer un programme de transferts monétaires conditionnels pour environ 500 000 parents d’élèves.

Travailler à transformer le système éducatif haïtien

En dépit de tous ces défis, nous ne baissons pas les bras et nous adressons avec les moyens disponibles les problèmes liés à ces urgences ainsi que les exigences de la transformation de l’école, en ayant comme boussole le bien-être scolaire, tant pour les élèves que les enseignants.

En effet, en dépit de difficultés actuelles, l’école reste le lieu privilégié pour que les enfants restent protégés, grandissent tant en santé physique que mentale et développent leur plein potentiel.

À travers une mobilisation communautaire et l’appui de plusieurs partenaires, nous relançons graduellement les cours dans les écoles situées dans les quartiers précaires avec un programme spécial de récupération et d’accélération des apprentissages. Ainsi, nous prévenons davantage de jeunes vulnérables de rejoindre les groupes armés qui terrorisent la population.

La meilleure nouvelle qui soit arrivée récemment est de voir un groupe de jeunes boucler leurs études dans un lycée situé dans ces zones difficiles, le lycée de la Saline. Un d’entre eux a réussi à être classé 7e parmi les 67 retenus pour la faculté de médecine dans l’une des meilleures universités du pays.

Beaucoup d’autres de sa promotion ont également obtenus d’excellents scores dans d’autres facultés. C’est un témoignage direct que l’école transforme.

Je remercie nos partenaires, notamment le Partenariat Mondial pour l’éducation, l’UNICEF et bientôt Education Cannot Wait, qui en plus du financement du gouvernement haïtien, appuient financièrement ces programmes de récupération et d’accélération des apprentissages.

Ce programme national inclut des manuels scolaires, des fiches pédagogiques pour les enseignants, laboratoire informatique et tablettes avec un volet d’alimentation scolaire. Mais beaucoup reste encore à faire.

Mon plaidoyer pour l’inclusion de l’éducation à l’ordre du jour du G7

Au cours d’une réunion de haut niveau tenue le 30 mars et rassemblant des représentants parlementaires des pays du G7, j’ai plaidé pour redonner espoir à des millions de jeunes exposés aux violences politiques, à l’abandon scolaire ou qui n’ont tout simplement pas encore eu accès à l’école.

124 millions d’enfants et d’adolescents, dont environ 300 000 en Haïti, rêvent ainsi à travers le monde de pouvoir se retrouver à l’école.

J’ai recommandé aux États membres du G7 de promouvoir l'inclusion de l'éducation globale à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères qui se tiendra à la mi-avril, et de donner suite à l'engagement pris dans le cadre de la Déclaration du G7 de 2021, y compris en faveur d'un GPE entièrement financé.

Nous continuons de compter sur leur engagement, en particulier pour l’éducation des filles, pour qu’il soit permis à cette génération de récupérer non seulement jours de classes perdus, mais surtout l’espérance en un futur meilleur, à travers une école transformée qui promeut les valeurs d’un monde plus inclusif, sans guerre et une planète en bien meilleure santé.

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