Les enfants réfugiés ont-ils droit à une éducation ?
Mahmoud Khalil, jeune ambassadeur de l'éducation du GPE, raconte les défis qu'il a dû surmonter lors de sa migration forcée et souligne l'importance de l'éducation pour les enfants réfugiés.
25 novembre 2017 par Mahmoud Khalil
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Lecture : 2 minutes
Mahmoud avec un groupe d'enfants et de bénévoles. Crédit: Azhar Siddiqui
Mahmoud avec un groupe d'enfants et de bénévoles.

Réfugié palestinien en Syrie, et ensuite, réfugié palestinien/syrien au Liban, j’ai connu ma part de migration forcée et d’obstacles durant mon enfance. Avant de quitter la Syrie, je venais de finir le lycée et avais été accepté à l’école d'ingénieur en aéronautique d'Alep.

Mais avec les troubles qui ont touché la ville, je n’ai pas pu y entrer et j’ai décidé de partir pour le Liban. Là-bas, j’ai connu deux années difficiles, à travailler pour subvenir à mes besoins et payer le loyer. Ce n’est que lorsque j’ai commencé à travailler avec Jusoor que ma vie a pris une direction positive.

Trouver des soutiens pour poursuivre mes études

Jusoor est une organisation à but non lucratif qui cherche à aider les jeunes Syriens à découvrir leur potentiel dans des programmes éducatifs. Grâce à mes efforts et mon dévouement, j'ai pu bénéficier d’une bourse et commencer à suivre un programme dans une des universités les plus prestigieuses du Liban, alors que j'avais perdu tout espoir de pouvoir reprendre un jour mes études.

Parallèlement, j'ai continué à travailler pour Jusoor. Ce travail et mes propres expériences m’ont apporté une perspective très personnelle sur les questions liées à l'éducation pour les réfugiés.

L’éducation est-elle vraiment un droit ? Je me demande souvent : « Où serai-je si je n’avais pas pu continuer mes études ? »

« Où serai-je si, comme de si nombreux autres réfugiés syriens avant moi, je n’avais pas obtenu de bourse, n’avais pas pu travailler ou pire, n’avais pas pu quitter la Syrie en pleine guerre ? »

Dans un univers parallèle, je ne serai peut-être pas ici aujourd'hui à écrire ce blog ou ne saurai peut-être pas parler d’autre langue que mon arabe natal. Mais, puisque j’ai eu de la chance, je pense qu'il est important pour moi de parler de ces choses que nous sommes nombreux à considérer comme allant de soi.

Selon Human Rights Watch, plus de la moitié des enfants syriens en âge d’être scolarisés inscrits au Liban, ne le sont pas dans un établissement d’éducation formelle. La Syrie, un pays qui affichait jadis le taux de scolarisation le plus élevé du monde arabe, affiche à présent un taux de moins de 50 %. Près de quatre millions d’enfants et de jeunes Syriens âgés de 5 à 17 ans ont besoin d’une aide à l’éducation, dont 2,1 millions d’enfants non scolarisés à l’intérieur de la Syrie et 700 000 enfants syriens dans les pays voisins.

Éduquer les enfants réfugiés pour qu’ils puissent contribuer à la reconstruction de leur pays

Un groupe d'élèves s'amusant pendant la pause dans l'une de nos écoles. Crédit: Azhar Siddiqui

Un groupe d'élèves s'amusant pendant la pause dans l'une de nos écoles.

Crédit: Azhar Siddiqui

Avant de lancer le débat sur le pouvoir des éducateurs et des bénévoles dans un contexte d’éducation informelle, il convient de considérer l’importance de l’éducation pour les enfants réfugiés. Malheureusement, dans la société d’aujourd’hui, l’éducation est plus un privilège qu’un droit.

Les bienfaits de l’éducation sont pourtant nombreux. La plupart des enfants qui fuient la guerre sont à un âge vulnérable et critique de leur développement. Il est crucial de leur offrir des informations qui leur permettront d’explorer le monde et d’utiliser leur cerveau dans sa pleine capacité. Si un environnement éducatif peut éveiller la vocation d'un futur médecin, ingénieur ou astronaute, sans cet environnement, ces enfants peuvent développer des idées extrémistes, qui peuvent avoir un impact grave sur leur personnalité et vie future.

Les écoles peuvent également constituer, pour nombre de ces enfants, un havre de paix. J’ai pu m'en rendre compte personnellement dans les écoles avec lesquelles je travaille au Liban, où de nombreux élèves ne veulent pas rentrer chez eux, n’ayant rien à attendre de positif au sein du foyer. Leur vie est tellement marquée par la noirceur et la perte qu'ils se réjouissent de venir à l'école.

Ces enfants sont l’avenir de la Syrie. Ils joueront un rôle essentiel dans la phase de reconstruction et de redéveloppement du pays après la guerre.

Si personne ne sait quand viendra ce jour, nous devons nous y préparer avec des individus éduqués qui ont la volonté et la capacité de rentrer en Syrie reconstruire leur pays.

Les bénévoles apportent une aide précieuse dans l’éducation non formelle

Grâce à mon travail avec Jusoor, j’ai rencontré plus de 300 bénévoles et 70 éducateurs qui m’ont montré l’importance de leur rôle dans l’éducation non formelle. Chaque année, Jusoor organise un programme de bénévolat durant l’été, dans lequel des bénévoles du monde entier passent un mois à travailler dans une de nos écoles.

Les bénévoles permettent aux enfants de sentir l'aide d’autrui. Comme le dit l’un de nos bénévoles dans un billet de blog « les enfants sont prêts à être aimés et, ce qui importe encore plus, aiment » et l’éducation joue un rôle là-dedans. Une autre de nos bénévoles discute de l’importance des rapports humains dans le travail auprès des réfugiés et dit : « Je comprends l’importance de l’éducation, mais ce que je trouve tout aussi important, c’est le contact humain. ».

La plupart de ces enfants n'ont probablement jamais quitté la Syrie jusqu’à présent, et n’ont aucune expérience d’échanges interculturels. Ces bénévoles offrent une perspective et une expérience différentes à ces enfants curieux et avides de voir de quelle partie du monde ils viennent, les exposant ainsi à des cultures différentes.

Les enseignants sont, sans aucun doute, le cœur et l’âme de toute institution éducative.

Ce que j’ai compris de plus important grâce à mon travail dans l’éducation non formelle est qu’il est crucial d’avoir des enseignants issus de la même communauté que les réfugiés eux-mêmes. Le fait d’avoir des éducateurs issus du même contexte leur procure un lien personnel avec leurs élèves, les enseignants étant souvent passés par les mêmes épreuves et difficultés. Partout, il importe aux enfants d’avoir des enseignants et éducateurs auxquels ils peuvent s’identifier non seulement dans un environnement éducatif, mais également dans leur vie et leurs expériences personnelles.

L’éducation non formelle est une solution temporaire jusqu’à ce que le système public puisse refonctionner

Des questions demeurent : en tant que société, comment peut-on refuser à ces enfants leur havre de paix ? Qui sommes-nous pour décider qu'une personne a un avenir uniquement selon l’endroit où elle est née ? Grâce au travail de nombreuses organisations différentes, nous avançons dans la bonne direction en offrant une éducation non formelle à ceux qui en ont besoin.

Il importe toutefois de noter que l’éducation non formelle ne remplace pas l’éducation formelle. Le travail des bénévoles et des éducateurs nous permet de créer une plateforme éducative qui serait autrement impossible.

Il reste encore beaucoup à accomplir. Tandis que les politiques et les gouvernements discutent du sort de ces réfugiés, les enfants sont ceux qui souffrent le plus.

Les appels à l'action sont nécessaires. Nos gouvernements doivent œuvrer ensemble pour fournir les fonds qui permettront de financer l'éducation. Dans un univers parallèle, qui sait ce qu’un de ces enfants pourrait devenir.

Mahmoud est l’un des jeunes ambassadeurs de l’éducation du GPE

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