Tanzanie : faire progresser l'éducation grâce à des partenariats solides

En prélude à sa revue sectorielle conjointe, le gouvernement tanzanien a organisé des visites de terrain pour ses partenaires du secteur éducatif dans six régions du pays. Quels sont les principaux points à retenir de ces visites ?

15 décembre 2019 par Lucinda Ramos, GPE Secretariat
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Des participants à la revue sectorielle conjointe avec les membres de la communauté. Tanzanie. Crédit : PME/Kelley Lynch
Des participants à la revue sectorielle conjointe avec les membres de la communauté. Tanzanie.
Credit: PME/Kelley Lynch

En août 2019, le gouvernement de Tanzanie a organisé des visites de terrain dans six des régions du pays dans le cadre de sa revue sectorielle conjointe. Une opportunité de choix pour évaluer la mise en œuvre annuelle des objectifs définis dans le plan sectoriel de l'éducation 2017-2021, tout en observant les meilleures pratiques et défis liés à divers programmes mis en œuvre dans les établissements scolaires.

Pour avoir une vue d'ensemble de la situation du secteur de l'éducation dans le pays, plusieurs établissements, notamment des écoles primaires, des établissements secondaires, techniques et professionnelles et des écoles de formation des enseignants dans les zones urbaines et rurales ont été visitées. Des visites menées par les équipes participant à la revue, composées notamment de représentants du Ministère de l'éducation, des sciences et de la technologie, du Bureau des présidents des collectivités régionales et locales (PO-RALG), de partenaires au développement, d'organisations de la société civile, d’acteurs du secteur privé et d'organisations confessionnelles.

Les équipes en question ont utilisé diverses méthodes pour collecter des données, notamment des discussions de groupes, des entretiens avec les bénéficiaires, ainsi que des analyses de documents et des observations. Les données recueillies durant les visites ont été examinées durant la revue sectorielle conjointe qui s’est tenue fin septembre.

L'importance accordée au processus de collecte de ces données a contribué à développer une base de données fiables pour éclairer la planification et la prise de décision.

A travers la promotion des revues sectorielles conjointes, le PME et d'autres partenaires ont joué un rôle déterminant en aidant la Tanzanie à examiner, analyser et rendre compte de l’état de son secteur éducatif de manière participative et inclusive.

Opportunités et défis

Plusieurs aspects positifs contribuent à améliorer la qualité de l'éducation et ont été observés par les parties prenantes lors des visites sur le terrain. On a ainsi pu noter que :

Les enseignants ont montré un engagement ferme pour améliorer l’apprentissage des enfants. Beaucoup d'entre eux font des heures supplémentaires et donnent des cours de rattrapage sans être rémunérés. Dans les écoles où les enseignants étaient bien soutenus, leur productivité augmentait et les élèves réussissaient mieux, ce qui prouve le rôle important que jouent les enseignants dans l’apprentissage des enfants.

C'est le cas de l'école de Kisimba dans la région de Mpanda où aujourd'hui 99 % des élèves ont réussi l'examen de fin d'études du primaire. De même, une évaluation en lecture et en écriture menée dans le cadre d’EQUIP-T, un programme d'amélioration de la qualité de l'éducation dans les écoles, soutenu par le DfID, a montré que seul un petit nombre d'enfants ne pouvaient ni lire ni écrire au niveau 2.

Des programmes d'alimentation scolaire ont été lancés en collaboration avec les parents dans un certain nombre d'écoles. Ces programmes semblaient avoir un impact positif sur l’amélioration de la fréquentation et des performances des élèves. D'un autre côté, dans les écoles qui n'offraient pas de programmes d'alimentation, les enfants présentaient de faibles niveaux de concentration et un mauvais comportement en classe.

En outre, l'introduction de la politique d'éducation de base gratuite en 2015 a joué un rôle clé en encourageant davantage de filles à rester à l'école et à passer à des niveaux d’étude supérieurs, contribuant ainsi à améliorer la parité entre les sexes.

La directrice de l'école de Kivukoni parcourant la Standard 4 classroom.
Des salles de classe surpeuplées et des ratios élèves-enseignants élevés ont un impact sur les résultats de l'enseignement et de l'apprentissage dans de nombreuses écoles primaires en Tanzanie.

Malheureusement, plusieurs défis demeurent :

Une pénurie aiguë d'infrastructure scolaires et d'enseignants a été constatée, ce qui a contraint à diviser les classes et à enseigner les élèves par groupes et parfois en plein air. Ainsi, l'école de Kivukoni à Mpanda par exemple, enregistre 13 enseignants pour près de 1 500 élèves et seulement 5 salles de classe. De même, l'école de Kisimba compte environ 2 800 enfants pour seulement 26 enseignants. Des infrastructures supplémentaires sont également nécessaires malgré la construction récente de 4 nouvelles salles de classe, portant le nombre total de salles de classe à seulement 10.

Un certain nombre d'écoles manquaient de salles de classe pour le préprimaire et les cours étaient dispensés dans des salles de classe standard sans matériel d'apprentissage adapté à l'âge, rendant ainsi les cours moins interactifs et moins intéressants pour les enfants. Le manque de matériel d'apprentissage a également été observé dans des établissements relevant du secondaire.

Certains districts ont signalé un taux élevé d'abandon au niveau du premier cycle du secondaire, principalement dû à la longue distance entre les domiciles et les écoles, aux classes surpeuplées, aux grossesses précoces et à d'autres facteurs spécifiques à chaque région.

Prochaines étapes

Pour relever ces défis, plusieurs initiatives ont été proposées, notamment le déploiement d'un plus grand nombre d'enseignants, la mise en œuvre de programmes de formation continue des enseignants, la construction de salles de classe, de laboratoires supplémentaires ainsi que de logements pour les enseignants.

D'autres initiatives incluaient l'élaboration de directives nationales sur l'alimentation scolaire pour aider les parties prenantes à mettre en œuvre des programmes ainsi que la distribution de matériel d'enseignement et d'apprentissage, notamment des manuels scolaires dans les établissements relevant du secondaire.

Des élèves lisant pendant un cours à l'école de Kivukoni en Tanzanie. Crédit: PME/Kelley Lynch
Des élèves lisant pendant un cours à l'école de Kivukoni en Tanzanie.

Les avantages de la revue sectorielle conjointe

Les visites sur le terrain menées dans le cadre de cette revue ont aidé les partenaires à observer les défis entravant la qualité de l'éducation dans les écoles depuis le terrain. Les visites se sont également révélées être une plate-forme utile pour échanger des idées, hiérarchiser les interventions et planifier les actions futures de manière collaborative.

Outre son soutien à l’organisation de la revue sectorielle conjointe, le PME soutient également la Tanzanie à travers un financement de 90 millions de dollars qui améliorera la qualité de l'éducation aux niveaux du préprimaire, du primaire et de l’éducation non formelle. Le financement contribuera à renforcer la formation et le développement professionnel des enseignants, à distribuer davantage de matériel d'enseignement et d'apprentissage de qualité dans les zones mal desservies et à améliorer la planification et la gestion de l'éducation.

Hilda Konrad Mkandawire, coordinatrice du programme LANES, travaillant avec un élève dans la classe des élèves à besoins spéciaux de l'école de Nyerere à Mpanda, dans la région de Katavi en Tanzanie. Crédit : PME/Kelley Lynch
Hilda Konrad Mkandawire
Coordinatrice du programme LANES

L'avantage de ces visites de terrain est qu'elles me permettent, en tant que fonctionnaire du gouvernement, d'essayer de comprendre les autres personnes et ce qu'elles perçoivent sur le terrain notamment. Donc, je pense que c'est bénéfique pour le gouvernement et cela contribue à apporter des améliorations dans le secteur. Et parce que cela est fait par les membres du comité du secteur de l'éducation, nous sommes en mesure de voir les choses dans la bonne perspective pour tous les acteurs de l'éducation.

Arianna Zanolini (DFiD) et Laurent Luchagula (Equip-Tanzanie) consultant les données statistiques de l'école de Kasimba, dans la région de Katavi en Tanzanie. Crédit : PME/Kelley Lynch
Arianna Zanolini
Conseiller pédagogique et économiste du développement. DFiD

Même si nous vivions et travaillions tous à Dar Es Salaam, combien de fois pourrions-nous nous rencontrer de manière informelle et avoir le temps pour une discussion spontanée ? Lors de ces visites, nous savons tous pourquoi nous sommes là et ce que nous y faisons. Et c'est justement cela le but : voir ce qui se passe et partager de nouvelles idées.

Lucinda Ramos Alcantara (Secrétariat du PME) examinant le travail d’un élève durant la visite de terrain à l’école de Nyerere, dans la région de Katavi en Tanzanie. Crédit : PME/Kelley Lynch
Lucinda Ramos Alcantara
Spécialiste principale de l'éducation et responsable pays pour la Tanzanie. Secrétariat du PME

Le processus est plutôt collégial et vous pouvez facilement nouer des relations. C'est la chose la plus importante dans mon travail car, je ne vis pas dans le pays et je dois donc faire confiance aux partenaires et travailler avec eux. Les relations c’est ce qui compte vraiment le plus et il faut du temps pour les construire.

L'équipe de visite sur le terrain : Msambya Ally (responsable de l'éducation municipale, Lucinda Ramos Alcantara (Secrétariat du PME), Reuben Swilla (PO-RALG) et Fidelis Yunae (membre TEN/MET) rencontrent des élèves du lycée pour filles de Mpanda dans la région de Katavi en Tanzanie. Crédit : PME/Kelley Lynch
Reuben Swilla
Coordonnateur de l'éducation. Direction de l'administration de l'enseignement primaire

En tant que gouvernement, nous avons réalisé beaucoup de progrès dans le domaine de l'éducation mais, de nombreux défis persistent. Nous devons donc travailler avec les partenaires et les OSC pour voir ce que le gouvernement a fait et quelles sont les autres choses que nos partenaires peuvent nous conseiller sur la façon de résoudre certains des problèmes qui surviennent.

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