Les ministres de l'Éducation des pays membres du GPE appellent à une réforme du financement de l'éducation
Représentants des pays partenaires du GPE
Credit:
GPE/Emmanuelle Jacobson-Roques

Préambule

Nous, ministres de l'Éducation représentant 86 pays partenaires du Partenariat mondial pour l'éducation, publions ce communiqué à un moment crucial. Nos pays sont lourdement affectés par la lente reprise mondiale après la crise de la COVID-19, une économie mondiale incertaine, les pénuries alimentaires et énergétiques, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, les déplacements de populations historiquement élevés, l'alourdissement de la charge de la dette et la crise climatique qui ne fait que s'aggraver.  Ces crises concomitantes continuent d'exacerber les pertes d'apprentissage pour plus de 650 millions d'enfants issus des pays que nous représentons, affectant plus particulièrement les filles et les enfants marginalisés par la pauvreté, les handicaps et les déplacements.

L'éducation a un effet multiplicateur unique. Elle ouvre la voie aux opportunités et à la prospérité des individus, de leurs familles et des générations futures. Elle permet d'accroître la participation économique, politique et communautaire des populations qui est essentielle au développement économique et social, et forge des sociétés pacifiques et stables. L'éducation offre aussi un potentiel énorme pour mobiliser les jeunes en faveur du climat et pour renforcer la résilience. Elle favorise aussi l'innovation et les compétences nécessaires à la transition vers un avenir plus vert et plus équitable.

Ignorer le sort de l'éducation dans nos pays menace sérieusement les perspectives collectives d'un développement plus équitable et durable.

Respecter l'engagement mondial à investir dans l'éducation

Dans ce contexte, nous réitérons notre appel urgent à l'action pour la transformation de l'éducation à grande échelle. Nous nous félicitons de l'appel à l'action pour l'investissement dans l'éducation lancé lors du Sommet sur la transformation de l'éducation, et nous exhortons tous les pays et tous les partenaires à investir davantage, et de manière plus équitable et plus efficace dans l'éducation. Nous appelons la communauté internationale à mettre la priorité sur des solutions et des réformes financières qui augmenteront l'espace fiscal des pays à faible revenu, pour leur permettre d'investir dans l'éducation et accélérer de ce fait les progrès réalisés pour atteindre tous les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Rappelant la déclaration d'Incheon, nous demandons instamment à tous les gouvernements d'allouer au moins 15 à 20 % de leurs dépenses publiques à l'éducation, et nous saluons le leadership politique dont ont fait preuve les signataires de la Déclaration des chefs d'État sur le financement national de l'éducation.

En plus des efforts faits à l'échelle nationale, nous rappelons qu'il est urgent de protéger et d'augmenter les ressources financières extérieures qui viennent soutenir les investissements de chaque pays dans leur système éducatif, notamment en augmentant la part de l'aide à l'éducation à 15-20 % de l'aide publique au développement (APD) et en optimisant les financements pour l'éducation déjà en place, tel que préconisé par le Secrétaire général dans sa déclaration sur la transformation de l'éducation.

Réorienter l'aide financière à l'éducation pour accélérer les progrès réalisés par chaque pays

Compte tenu des défis mondiaux urgents auxquels nos pays font face, nous demandons à ce que l'architecture de l'aide à l'éducation soutienne davantage nos efforts en matière de transformation de l'éducation, et permette de :

  • renforcer la transformation de l'éducation menée par les pays en harmonisant et en alignant l'aide extérieure sur les priorités et les engagements nationaux, pour éliminer la fragmentation et réduire les frais de transaction, et ce, conformément à la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide ;
  • mobiliser des engagements concrets à allouer davantage de ressources aux pays qui en ont le plus besoin et avec le plus grand nombre d'enfants marginalisés, notamment les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et les petits états insulaires en développement ;
  • consolider et diversifier les partenariats locaux, nationaux et mondiaux qui soutiennent des solutions adaptées au contexte, notamment pour répondre aux effets néfastes du changement climatique, protéger l'éducation dans des situations de conflits et de crises, et améliorer les capacités des pays à fournir un apprentissage numérique, en particulier pour les enfants les plus marginalisés ;
  • intégrer l'égalité des genres dans l'éducation, tel que le prévoit le Manifeste de Freetown pour le leadership transformateur de genre dans l'éducation.

Passer de l'engagement à l'action

Nous sommes déterminés à garantir le droit à une éducation de qualité pour tous les enfants. Nous sommes confiants qu'avec le soutien approprié de la communauté internationale nous pourrons respecter cet engagement.

Nous demandons au Comité directeur de haut niveau de l'ODD 4 – Éducation 2030, en tant que principal organe de coopération mondiale sur l'éducation, de superviser l'effort coordonné pour réformer l'architecture de l'aide à l'éducation selon les besoins de chaque pays et en incluant la participation des jeunes.

Nous remercions le Secrétaire général des Nations Unies qui se fait le champion de l’éducation, et nous demandons à ce que notre vision se reflète dans ses propositions pour Notre Programme commun y inclus les pistes pour transformer l’éducation, l’architecture financière internationale, vers un nouvel agenda pour la paix, et les nations unies 2.0, parmi d’autres.

Nous encourageons tous les États Membres à faire de cette étape cruciale la pièce maîtresse du thème de l'éducation de Notre programme commun et de l'inclure dans le cadre du Sommet de l'avenir. Ces processus doivent également faire reconnaître que le financement pour l'éducation en tant qu'investissement en notre avenir commun représente une composante cruciale du système financier international. Nous encourageons aussi les États Membres à veiller à ce que la déclaration politique faite lors du Sommet sur le développement durable appelle concrètement à accroître les investissements pour une éducation inclusive, de qualité et équitable, en particulier pour les filles et les jeunes femmes, et fasse de l'éducation une condition sine qua non pour atteindre les objectifs de l'Agenda 2030. Rappelant de nouveau la déclaration d'Incheon, nous recommandons que le Partenariat mondial pour l'éducation, en tant que plateforme rassemblant plusieurs parties prenantes et soutenant la mise en œuvre de l'Agenda 2030 pour l'éducation selon les besoins et les priorités de chaque pays, participe activement dans ces processus.

Nous appelons les défenseurs de l'éducation mondiale, notamment l'envoyé spécial des Nations Unies pour l'éducation, les cinq chefs d'État nommés défenseurs de la transformation de l'éducation, les co-présidents du Comité directeur de haut niveau, les dirigeants des agences, des fonds et des programmes de financement de l'ONU, les dirigeants d'organisations de la société civile et les jeunes leaders à soutenir notre vision pour une réforme et la transformation de l'architecture financière.

Ensemble, nous pouvons débloquer le pouvoir transformateur de l'éducation pour forger un avenir plus pacifique, plus prospère et durable pour tous.

Représentants des pays partenaires du GPE
Credit:
GPE/Emmanuelle Jacobson-Roques

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