Mauritanie : la distance ne devrait pas empêcher les filles d'aller à l'école

Aichetou Mint Mohamed Ali, 14 is in class 8, the second year of lower primary at the College Riyad 5, Tarhil, Nouakchott, Mauritania.
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Points clés

  • En 2015, en Mauritanie, seules 55 filles sur 100 ont pu poursuivre leurs études au 1er cycle du secondaire, principalement du fait de l’éloignement des écoles de leurs domiciles.
  • Le gouvernement, avec le soutien du GPE, a construit plus d'écoles dans des zones reculées à forte concentration de population pour répondre à la demande.
  • Aujourd’hui, davantage de filles peuvent fréquenter le premier cycle du secondaire, augmentant ainsi leurs chances d’accéder à un avenir meilleur.
Carte de la Mauritanie

Lorsqu’elle avait 7 ans, Aïchetou et sa famille ont déménagé d'Arafat à Tarhil, un quartier à la périphérie de Nouakchott, la capitale mauritanienne, où elle a commencé à fréquenter l'école primaire.

Ses deux sœurs aînées avaient fréquenté le primaire lorsqu'elles vivaient à Arafat. Ni l'une ni l'autre n'ont poursuivi leurs études au premier cycle du secondaire.

Le gouvernement mauritanien a fait des progrès significatifs ces dernières années pour faire en sorte que davantage d'enfants aient accès à l'école primaire et la terminent. Entre 2000 et 2018, le taux brut de scolarisation dans le primaire est passé de 83 % à presque 100 %. Sur la même période, le taux d'achèvement du primaire a également augmenté, passant de 45 % à 76 %.

Cependant, la transition vers le premier cycle du secondaire reste un défi, en particulier pour les filles. En 2013, seules 55 filles sur 100 ont pu passer du primaire au premier cycle du secondaire (contre 61 garçons sur 100).

« Les établissements d’enseignement secondaire sont généralement situés dans les chefs-lieux de district et non dans les villages », déclare Sid’ahmed Ould Baba, Directeur des projets de formation en éducation.

Graphique de l'augmentation des inscriptions en Mauritanie

De nombreux enfants vivent trop loin de leur école pour y effectuer des aller-retours quotidiens, et il n’est pas possible pour les parents de quitter leur ferme et de s’installer dans des zones plus urbaines, juste pour l’éducation de leurs enfants.

Si les parents sont plus susceptibles d'envoyer leurs fils adolescents chez un ami ou un parent qui habite près d’une l'école, ils sont beaucoup moins disposés à accepter des arrangements similaires pour leurs filles.

  • Aïchétou et son amie Meia sur le chemin de l'école à Tarhil, Nouakchott, Mauritanie.
    Crédit : GPE/Kelley Lynch

Rapprocher l'éducation des filles

En réponse, le gouvernement mauritanien, avec le soutien du GPE, a construit des « écoles de proximité » dans des zones à forte densité de population où un plus grand nombre d'enfants, de filles en particulier, n’accédaient pas au premier cycle du secondaire.

Après avoir terminé le primaire, Aïchetou a pu s'inscrire en classe de 6e dans l'un de ces établissements, le Collège Riadh 5, construit à peine deux ans plus tôt.

Chaque jour de la semaine, elle marche sur environ 1,5 kilomètre pour se rendre à l'école. Au début elle avait peur. Mais, la région s’est progressivement développée depuis (de nouvelles familles s’y sont installées et de nouvelles maisons y ont été construites), et elle s’y rend parfois avec des amis désormais.

Aïchetou s'épanouit à l'école. Elle est fière d'être toujours assise au premier rang et de participer activement aux leçons en classe. C’est d’ailleurs l'une des meilleures élèves.

  • Aïchétou Mint Mohamed Ali, 14 ans, dans sa salle de classe au College Riyad 5 à Tarhil dans la banlieue de Nouakchott en Mauritanie.
    Crédit: GPE/Kelley Lynch

Aichetou, 14, is in class 8 at College Riyad 5, Tarhil, Nouakchott, Mauritania. GPE/Kelley Lynch
« Je veux être professeur d’études religieuses, parce que la religion est très importante dans ma société. Elle établit les règles pour les communautés et aide la société à faire la différence entre le bien et le mal. Beaucoup de gens ne comprennent pas cela et je voudrais le leur enseigner. »
Aichetou
Elève

Avoir une école si près de chez elle fait d'elle une adolescente chanceuse. Cependant, sa situation n'est pas sans défis. Son école ne dispose pas d'assez d’enseignants, ce qui signifie que ses camarades et elle ne sont pas suffisamment préparés pour leurs examens de fin d’année.

« Le manque d'enseignants est un problème dans les régions où nous avons de nouvelles écoles et où il y a beaucoup d'élèves. C’est un problème de changement démographique et de mouvement des personnes. En général, il a tendance à être résolu. Cela prend juste du temps. »
Mohamed Ould Khalili
Administrateur à l’école normale supérieure de Nouakchott

Les enseignants manquent de ressources et ne disposent pas de manuels.

Aichetou, 14, is in class 8 at College Riyad 5, Tarhil, Nouakchott, Mauritania. GPE/Kelley Lynch
« Premièrement, les écoles devraient disposer de manuels. Il est plus facile d'apprendre lorsque vous pouvez écouter l'enseignant et ensuite lire ce que vous avez appris dans un livre. Deuxièmement, les enseignants devraient utiliser une variété de manuels, pas un seul, car c'est ennuyeux. Troisièmement, nous avons des recherches à faire et nous n'avons pas d'ouvrages de référence pour le faire, c'est donc un gros problème pour nous. »
Aïchétou
Elève

De grands progrès pour les filles des zones défavorisées

De 2014 à 2018, le GPE a soutenu le gouvernement mauritanien avec un financement de 12,4 millions de dollars qui mettait un accent particulier sur la promotion d'un accès équitable au premier cycle de l'enseignement secondaire pour les filles, à travers la construction des « écoles de proximité » dans six des districts les plus défavorisés.

À l’issue du programme financé par le GPE, 52 nouvelles salles de classe relevant du premier cycle du secondaire avaient été construites dans 13 des établissements scolaires de ces districts, permettant l'inscription de plus de 3 000 filles. Dans l'ensemble, le programme a permis à plus de 26 000 filles de s'inscrire dans le premier cycle du secondaire dans les six districts ciblés.

  • Aïchétou Mint Mohamed Ali, 14 ans, dans sa salle de classe au College Riyad 5 à Tarhil dans la banlieue de Nouakchott en Mauritanie.
    Crédit : GPE/Kelley Lynch

Chaque nouvelle école était équipée de salles de lecture, de livres, de bureaux, de laboratoires scientifiques, de points d’accès à de l'eau potable, fournie en énergie solaire et dotée de fonctionnaires qualifiés.

Des campagnes de sensibilisation ont été menées dans les domaines ciblés par le programme pour promouvoir l'inscription des filles, à travers des activités telles que l’organisation de cérémonies de remise de diplômes et de récompenses aux filles ; la sensibilisation des enseignants, des inspecteurs et des directeurs d'établissements scolaires et la distribution de matériel didactique et de kits d'hygiène aux filles inscrites dans les nouvelles écoles.

Six nouvelles installations sportives ont également été construites, une dans chacune des régions ciblées par le programme, avec la mise à disposition de nouveaux uniformes pour les filles et le recrutement d’entraîneuses pour encourager la participation des filles aux sports.

Toutes ces activités ont permis de faire prendre conscience de l’importance d’envoyer les filles à l’école dans ces communautés.

C'est grâce à ces investissements qu'Aïchetou et d'autres comme elle sont toujours scolarisées.

Octobre 2020