Burkina Faso : l'espace ami des enfants, un moyen de retrouver le chemin de l'école
06 novembre 2023 par Myriam Dossou, UNICEF Burkina Faso |
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Au Burkina Faso, les espaces 'amis des enfants' permettent d'identifier les enfants en âge d'être scolarisés qui ont été déplacés à l'intérieur du pays, afin de les remettre sur le chemin de l'école.

Aminata Sonde est une jeune fille de 11 ans originaire d'Oursi, dans la région du Sahel, qui a été déplacée à l'intérieur de son pays. Aminata et son frère ont été séparés de leurs parents et vivent avec leur tante Mariam Bande dans le secteur 4 de Barsalogho, une commune de la région Centre-Nord du Burkina Faso.

En raison des attaques de groupes armés non identifiés, Mariam a été contrainte de fuir avec les enfants pour trouver refuge à Boussouma, situé à environ 60 km de Barsalogho.

À Boussouma, Aminata a rejoint l'espace ami des enfants (EAE) créé par l'Association pour le Développement Communautaire et la Promotion des Droits de l'Enfant (ADC/PDE), grâce au soutien de l'UNICEF et au financement du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE).

Là-bas, Aminata et ses camarades bénéficient d'un soutien psychosocial et s'épanouissent à travers les jeux, loisirs et autres activités socio-éducatives mis en place par l'association.

« Dans notre EAE, nous ne nous contentons pas d'amener les enfants pour qu'ils s'amusent, nous leur apportons un soutien psychosocial et ils suivent également des cours d'écriture » explique Judith Kabré, gestionnaire de projet auprès de l'ADC/PDE.

La commune de Boussouma comptait 23 797 personnes déplacées internes, dont plus de 18 000 enfants en février 2023. Parmi ces enfants, 98 % ne sont pas scolarisés. Les services sociaux de la commune, comme ceux d'autres communes de la région confrontées à une crise sécuritaire, peinent à répondre aux besoins des personnes déplacées.

Zéphirin Toe
« L'EAE est arrivé au bon moment car nous avons beaucoup de personnes déplacées dans notre commune, dont la plupart sont des enfants en âge d'être scolarisés. Grâce à l'EAE, les enfants ne sont plus livrés à eux-mêmes, ils sont bien intégrés socialement et nous observons même une certaine cohésion entre les parents. »
Zéphirin Toe
responsable des services sociaux à Boussouma

Dans les six mois qui ont suivi son arrivée à Boussouma, Aminata a rejoint un groupe de 17 enfants jugés aptes à être scolarisés à l'école primaire publique Boussouma D.

« Au début, c'était très compliqué. Les parents ne voulaient pas se séparer de leurs enfants, qui devaient s'occuper des tâches ménagères et des travaux agricoles. Nous sommes allés dans chaque famille pour en discuter et nous avons réussi à les convaincre de l'importance de l'école » », explique Judith Kabré.

Aminata est élève en première année, où elle est arrivée plus tard que les autres. Malgré ce retard, elle s'est classée quatrième de sa classe de 88 élèves lors de l'évaluation du premier trimestre.

Awa Bamogo, enseignante de première année à l'école primaire de Boussouma, (en blanc) avec les élèves de sa classe.
Awa Bamogo, enseignante de première année à l'école primaire de Boussouma, (en blanc) avec les élèves de sa classe.
Credit:
UNICEF Burkina Faso

« Aminata se débrouille très bien, tout comme les 16 autres élèves qui sont arrivés plus tard. Sur les 17 élèves arrivés en novembre 2022, seuls deux n'ont pas réussi », raconte Awa Bamogo, enseignante de la classe de CP à l'école primaire Boussouma D.

Au Burkina Faso, on comptait plus de 2 millions de personnes déplacées internes en mars 2023, dont 50 % d'enfants. Sur la même période, environ 6 134 écoles sur les 20 676 que compte le pays sont restées fermées, touchant 1 million d'enfants.

L'UNICEF soutient la protection des enfants en renforçant le soutien psychosocial et en matière de santé mentale, aidant plus de 25 200 enfants, dont 14 000 filles.

Grâce au financement du GPE, l'UNICEF a permis à 223 200 enfants d'obtenir le soutien pédagogique dont ils avaient besoin, dont 137 500 filles, dans six régions touchées par la crise.

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