Le cyberharcèlement est en forte augmentation dans le monde. L’utilisation d’Internet par les enfants à des fins d’éducation, de socialisation et de divertissement pendant et après la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’amplifier le risque de cyberharcèlement.

D’après un sondage U-Report mené dans 30 pays, 1 jeune sur 3 dit avoir été victime de harcèlement en ligne et 1 sur 5 déclare ne pas être allé à l’école à cause du cyberharcèlement et de la violence.

Pour atteindre les objectifs de développement durable 4 (Éducation de qualité) et 16.2 (Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants), nous devons déployer tous les efforts possibles pour combattre l’épidémie grandissante de cyberharcèlement.

Le cyberharcèlement est préjudiciable aux élèves et à leurs familles

Les victimes de cyberharcèlement peuvent subir des troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété, l’isolement social, des difficultés d’adaptation à l’école, voire le décrochage scolaire. Dans les pires cas, l’intimidation a déjà conduit des enfants et des jeunes à l’automutilation, à la toxicomanie et au suicide.

Dans le cadre de sa campagne de sécurité des enfants en ligne #WebSafeandWise, ChildFund a discuté avec Evi, une animatrice jeunesse en Indonésie.

Evi a partagé son expérience du cyberharcèlement : « Une personne irresponsable a pris ma photo sans mon autorisation et créé un faux compte. Elle a ensuite utilisé ce compte pour diffuser des calomnies qui se sont propagées comme une traînée de poudre. J’ai alors été ridiculisée et montrée du doigt sur les réseaux sociaux, et au sein de ma communauté. Cette expérience a eu un impact sur ma santé mentale et mes études. »

La voix et les recommandations des enseignants

ChildFund a demandé aux enseignants en Indonésie de témoigner de leur expérience concernant la lutte contre le cyberharcèlement en classe. Voici ce qu’ils rapportent.

« Quand les enfants relatent des scènes d’intimidation à l’école, les enseignants doivent les écouter, pour que la confiance puisse s’établir » explique Maksimilian, enseignant à Kupang, en Indonésie. « Il faut rapidement enquêter sur la plainte. L’intimidation et les agressions, nous le savons, peuvent avoir des répercussions à long terme sur les enfants. »

Le conseil de Maksimilian : doter l’école d’une structure de signalement adaptée pour que les enfants puissent rapporter les cas de cyberharcèlement et de violence. En cas de signalement, une procédure de règlement doit être suivie. Et il faut s’attaquer rapidement et avec fermeté au harcèlement en ligne.

« Un jour, une élève m’a raconté que, victime de manipulation psychologique en ligne, elle était sur le point d’enlever ses vêtements et d’afficher son corps sur les réseaux sociaux » se rappelle Siti, enseignante à Kupang, en Indonésie.

« Quand elle m’a rapporté la situation, nous avons géré le problème ensemble. Nous lui avons recommandé de bloquer immédiatement le compte de son harceleur. » Et Siti d’ajouter : « Les parents doivent surveiller l’activité de leur enfant en ligne. Chaque seconde, chaque jour, des délits sont commis sur Internet. Il faudrait que les parents soient plus vigilants. »

D’après le rapport de ChildFund, tous les parents et enseignants ne comprennent pas bien en quoi consiste le cyberharcèlement ou ne disposent pas des moyens numériques nécessaires pour aider les enfants. Nous devons agir davantage en menant des campagnes de sensibilisation et des programmes d’information pour permettre aux enfants et à leur réseau de soutien de naviguer sur Internet en toute sécurité.

Prévention du cyberharcèlement et de la violence, grâce à une formation interactive : SwipeSafe

Pour remédier à cette méconnaissance de la sécurité en ligne, ChildFund met en place SwipeSafe, un module de formation spécialement créé pour aider les jeunes à naviguer en ligne en toute sécurité.

Cette formation comble un vide en offrant un programme et des supports pédagogiques complets qui ne s’adressent pas uniquement aux enfants et aux jeunes, mais également aux parents/tuteurs, aux professionnels de la protection de l’enfance, aux fonctionnaires de la justice, aux agents d’application de la loi et aux propriétaires de café Internet, afin de les aider à mieux comprendre et gérer les dangers d’Internet.

« J’ai suivi la formation SwipeSafe en avril 2023 et j’ai appris à bloquer les gens sur les réseaux sociaux, tout en découvrant les six principes de l’Internet » explique Feren, élève en Indonésie. « Ces six principes sont les suivants : la transparence, la permanence, la connexion, l’anonymat, la source d’information et le respect. »

Le programme aide également les écoles à mettre en place des mécanismes d’aiguillage pour prévenir les cas de cyberharcèlement et de violence, et remédier à de telles situations. En Indonésie, certaines écoles secondaires des provinces du Nusa Tenggara oriental et du Java central sont en train de mettre en œuvre le programme.

Parmi les mesures urgentes à prendre, citons le renforcement du système éducatif pour agir et contribuer à la sécurité en ligne, la sensibilisation des enfants et de leur réseau de soutien à la détection des dangers de l’Internet et à la réponse à apporter, la responsabilisation des sociétés de technologie quant au suivi et au signalement des cas d’intimidation et d’abus, et enfin, le durcissement des politiques afin de criminaliser le cyberharcèlement.

Il faut agir, maintenant !