Niger : renforcer la résilience du système éducatif pour limiter les effets de la COVID-19

Pour limiter les effets des fermetures des écoles, adapter l’apprentissage aux aléas de la crise sanitaire et renforcer la résilience du système, le GPE a mis à la disposition du pays des financements pour soutenir le programme d’urgence initié par le Niger. Un soutien essentiel à l’éducation de milliers d’enfants à travers le pays.

09 février 2021 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 9 minutes
Une institutrice dispensant une léçon dans une école au Niger. Crédit: UNICEF/Niger
Une institutrice dispensant une léçon dans une école au Niger.
Credit: Crédit: UNICEF/Niger

Les partenaires de l’AFD et de l’UNICEF ont contribué à ce blog.

Au printemps 2020, le Niger était le pays du Sahel le plus affecté par la pandémie de COVID-19. Dès le 28 mars, le gouvernement avait décidé de suspendre les cours dans tous les établissements scolaires du pays pour limiter la propagation du virus.

Comme partout ailleurs, le pays était confronté à une situation inédite. Du jour au lendemain, plus de 3,7 millions d'élèves tous niveaux confondus et plus de 80 000 enseignants se retrouvaient contraints à rester chez eux.

Cette situation faisait augmenter les risques de décrochage scolaire et aggravait les nombreux autres défis auxquels les enfants, les plus vulnérables en particulier (ceux vivant en zone rurale, les filles et les enfants réfugiés ou déplacés internes), étaient déjà exposés.

Pour de nombreux élèves nigériens, étudier à distance n'était pas une option dans les pires moments de la pandémie. Certains matériels ont été distribués, mais le pays n’était pas préparé à un apprentissage massif à distance.

La mise en place de solutions alternatives, telles que des programmes radiophoniques, ne s’est pas développée à temps pour atteindre un grand nombre d’enfants. Seule une minorité a pu maintenir un lien avec l'école grâce au numérique, et la majorité, qui vit en milieu rural, n'a pas pu poursuivre ses études.

Comment poursuivre l’apprentissage de tous les élèves depuis leurs domiciles ? De quelle manière adapter les programmes scolaires aux spécificités de l’enseignement à distance ? Et comment renforcer la résilience du système éducatif et préparer un bon retour à la normale une fois la pandémie passée ?

La fermeture des écoles au Niger a eu des conséquences négatives sur l'apprentissage et le bien-être des enfants, en particulier des filles des communautés marginalisées, qui paient le prix le plus élevé.

« Ce furent des mois difficiles, je me souviens. Avec tout ce que je voyais à la télévision, j'avais peur de quitter la maison », raconte Soraya.

Soraya, 10 ans, vit avec ses sept frères et sœurs et leurs parents dans une maison de deux chambres à Niamey, la capitale du Niger. Les parents de Soraya font face à d'énormes difficultés pour que leurs enfants puissent prendre le petit déjeuner et le déjeuner ou acheter des fournitures scolaires.

Soraya, 10 ans, assise dans sa salle de classe.
Soraya, 10 ans, assise dans sa salle de classe.
Credit:
Crédit : UNICEF Niger

Les financements accélérés du GPE : une aubaine pour le secteur de l’éducation au Niger

Déjà confronté à de nombreux défis avant la pandémie, le système éducatif nigérien avait besoin d’un soutien d’urgence pour faire face aux nouveaux défis que lui imposait cette crise.

Dès début avril 2020, le GPE a mobilisé 8,8 millions de dollars en financement d’urgence pour aider 87 pays, dont le Niger, à planifier la riposte du secteur de l’éducation à la pandémie. Les 70 000 dollars de ce financement pour le Niger, canalisé par l’intermédiaire de l’UNICEF, ont permis aux ministères de l’Éducation nigériens d’établir un plan à travers des outils de communication et coordination.

Au Niger, le secteur de l’éducation implique six ministères différents, coordonnés par le Ministère de l’enseignement supérieur.

Le pays a soumis au GPE une requête de financement accéléré COVID-19 en mai 2020 pour mettre en œuvre ce plan. La requête, approuvée par le GPE le 30 juin et financée à hauteur de 11 millions de dollars, a pour but d’atténuer l’impact de la pandémie et renforcer la résilience du système éducatif.

Une attention particulière est accordée aux enfants les plus vulnérables, notamment ceux vivant en milieu rural, les filles, et les enfants réfugiés ou déplacés internes.

En particulier, le programme prévoit de soutenir :

  • la continuité des apprentissages en dehors des écoles et l'adaptation des programmes scolaires aux nouvelles formes d’apprentissage,
  • la réouverture des écoles en toute sécurité,
  • la préparation et le démarrage de la rentrée scolaire 2020-2021,et
  • la résilience du système éducatif nigérien.

Prévu pour durer 18 mois (de juillet 2020 à décembre 2021), le programme est mis en œuvre conjointement par deux agents partenaires, l’Agence française de développement (AFD) et l’UNICEF et couvre l’ensemble du territoire.

Il prévoit également des actions transversales d’évaluation des besoins, de renforcement des capacités, de suivi-évaluation des apprentissages et de production de connaissances qui permettront à la fois d’appuyer la qualité de son exécution et de contribuer à la résilience du système éducatif. Les leçons qui seront tirées du programme permettront de nourrir les réflexions sur le renforcement des capacités de préparation et de réponse.

Une enseignante dispensant une leçon dans une école au Niger. Crédit : UNICEF/Niger
Une enseignante dispensant une leçon dans une école au Niger.
Credit:
Crédit : UNICEF/Niger

Le choix des écoles bénéficiaires s’est fait selon des critères de vulnérabilité définis en concertation avec les directions régionales des ministères des enseignements primaire et secondaire. Par exemple, des kits de lavage de mains sont prioritairement distribués aux écoles sans point d’eau ou qui se trouvent dans les communes touchées par les inondations ou des cas de COVID-19.

Le Fonds commun sectoriel de l’éducation (FCSE, voir encadré ci-dessous) est fortement mobilisé dans cette réponse. Le recours au FCSE est un levier essentiel du renforcement durable du système éducatif et jouera un rôle contracyclique important dans le cas où les contraintes budgétaires conduiraient à diminuer les ressources allouées au secteur de l’éducation.

Faire face à la COVID-19 sans interrompre l’apprentissage des enfants

La fermeture des écoles a contraint le Niger à envisager de nouvelles formes d’apprentissage et d’adapter son offre en matière d’éducation et de formation.

Grâce au soutien du GPE et à la collaboration entre les ministères de l’éducation, les agents partenaires (l’AFD et l’UNICEF) et le Cluster Education, en septembre 2020 le pays était parvenu à mettre en place les activités suivantes :

  • Au niveau de l’enseignement primaire :
    • 2 058 écoles ont été dotées de kits de lavage de mains (10 282 kits au total). Il s’agit des écoles non-équipées de dispositif de lavage des mains ou situées dans des communes ayant été touchées par la COVID-19.
    • 426 555 supports didactiques ont été imprimés sur les fonds transitant par le FCSE durant la première quinzaine d’octobre. Ils sont distribués aux élèves sur la base de leurs résultats aux tests de niveau effectués en début d'année, notamment pour les élèves de la classe de CE1.
    • Une formation des enseignants en remédiation et les mesures COVID-19 est programmée avant la fin d’année. Les guides et modules ont été développés en collaboration avec le ministère de la Santé publique. Les fonds du GPE permettront de financer la formation des enseignants des niveaux CE1 et CE2, et un financement complémentaire de l'UNICEF permettra de former les autres enseignants du pays.
  • Au niveau de l’enseignement secondaire :
    • 363 établissements parmi les plus vulnérables ont reçu 1 819 kits de lavage de mains. 1 530 kits ont également été commandés pour les établissements relevant des ministères des Enseignements professionnels et techniques, de la Jeunesse et des sports, et de la Renaissance Culturelle.
    • des supports d’apprentissage et de remise à niveau dans toutes les matières pour les élèves des classes de 6e ont été élaborés. Cela a nécessité la mobilisation de 47 groupes de travail composés chacun de 3 personnes (enseignants et inspecteurs pédagogiques).
  • Au niveau central :
    • des supports de cours de remise à niveau et des modules de formation sur la remédiation destinés aux enseignants du primaire et du secondaire ont été conçus.
    • une campagne d’information sur les risques sanitaires liés à la COVID-19 a été conçue en coordination avec le ministère de la Santé publique, afin de diffuser des messages clés sur les mesures-barrières.
    • une campagne de sensibilisation au retour à l’école a été lancée mi-septembre. Elle consiste à diffuser des messages de prévention de la COVID-19 dans les écoles, via la radio et des campagnes d'information dans les régions concernées par le programme et la distribution de guides d'application des mesures d'hygiène.
    • 75 000 postes radios ont été commandés et seront distribués aux ménages les plus vulnérables dans les prochains mois.

Le plan de riposte des ministères s’est concentré sur la continuité pédagogique malgré la fermeture des écoles. La réouverture des écoles le 1er juin pour 45 jours a nécessité une réorientation légère des activités pour sécuriser rapidement les écoles et les préparer d’accueillir les enfants et enseignants.

 

Des élèves dans leur salle de classe dans une école au Niger. Crédit : UNICEF/Niger
Des élèves dans leur salle de classe dans une école au Niger.
Credit:
Crédit : UNICEF/Niger

De nouvelles difficultés à surmonter

Les inondations des mois d’août et septembre 2020 ont contraint le gouvernement à reporter de 15 jours la rentrée scolaire initialement prévue pour le 1er octobre.

De même, si la mutualisation des ressources pédagogiques entre enseignants du secondaire est effective (ce qui a permis en amont de la rentrée scolaire de partager et diffuser les contenus, les ressources et les bonnes pratiques, via des groupes WhatsApp notamment), les activités de soutien à l'encadrement pédagogique n’avaient pas encore été déployées en septembre, car les outils pédagogiques nécessaires à ce déploiement n'ont pas encore été distribués.

Les indicateurs de suivi des acquis des élèves du primaire via le dispositif RapidPro (une application utilisée par l’UNICEF pour collecter des informations précises en temps réel sur des domaines vitaux tels que la santé, la nutrition, l'éducation et la protection de l'enfance) ont été identifiés et validés par les ministères de l’Éducation.

La formation des acteurs en charge de la collecte et de l'analyse de données dans toutes les régions qui était prévue pour le mois d’octobre a dû été rapportée à novembre et décembre, mais va couvrir toutes les régions du pays.

Quid de la suite ?

En dépit de ces difficultés, la suite du projet augure des jours meilleurs pour les élèves et les enseignants du Niger.

Ainsi, grâce à un partenariat avec le Programme alimentaire mondial, un programme d’alimentation scolaire a été mis en place dès la mi-novembre 2020. La rentrée des classes a été l'occasion de renforcer les messages de sensibilisation des élèves et des enseignants aux mesures-barrières et de lancer un programme de remise à niveau des élèves.

Le soutien des différents acteurs de l’éducation au Niger, pendant et après la pandémie, assurera à des millions d’enfants de pouvoir continuer à apprendre des conditions améliorées, et au système éducatif de pouvoir faire face aux futures crises de manière plus efficace.

La pandémie a ouvert les yeux des acteurs différentes à la nécessité de concentrer plus sur la résilience du système, et de travailler sur les outils qui permettront la continuité pédagogique dans les situations des crises différentes.

Le Fonds Commun Sectoriel de l’Éducation au Niger

Le FCSE est un fonds national de financement de l’éducation aligné sur le système national de gestion des finances publiques du Niger, mais dont les ressources sont protégées à travers un compte spécial au Trésor et des crédits budgétaires dédiés. Ceci confère au FCSE des mesures additionnelles de contrôles et de bonne gestion fiduciaires.

Le FCSE soutient la mise en œuvre du Plan sectoriel national de l'éducation et de la formation (PSEF 2017-2030), en complément du budget régulier de l’État, et inclut des contributions mutualisées du GPE, du Canada, de la France/AFD, du Luxembourg, de la Suisse et de l'UNICEF. Le FCSE représente une bonne pratique encouragée par le GPE, avec un alignement sur les systèmes nationaux, afin de faire levier sur leur amélioration, et une meilleure mutualisation et coordination des ressources extérieures.

Le fonds commun permet de combler les lacunes dans les investissements sectoriels et la prestation de services éducatifs dans les écoles maternelles, primaires et secondaires – dont notamment la construction d’écoles, livraison de services de santé et de nutrition scolaires, coûts de fonctionnement des écoles pour soutenir la gratuité, formation des enseignants, fournitures de manuels scolaires et soutien éducatif d'urgence pour les enfants déplacés et les réfugiés, en réponse à l’état d'urgence au Sahel.

Le fonds commun fournit un financement annuel moyen de 30 millions de dollars US (environ 5 % du coût annuel du PSEF, mais jusqu'à 20 % des coûts non salariaux). Une portion des financements est conditionnée par des résultats et des avancées en matière de réformes structurantes pour le secteur, notamment :

  • une diminution de la centralisation des ressources publiques et des inefficacités de l'administration centrale
  • une meilleure décentralisation des dépenses publiques, pour une allocation plus équitable des ressources
  • l’amélioration de la livraison des manuels scolaires essentiels dans les premières années fondatrices des apprentissages du primaire
  • l’augmentation des ressources du budget national pour la formation continue des enseignants, avec des objectifs fixés pour la formation régulière de tous les enseignants du primaire et amélioration des résultats observables dans les pratiques pédagogiques à travers le pays.

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