Les politiques de rescolarisation doivent être favorables aux mères adolescentes en Afrique

En Afrique, comme ailleurs dans le monde, les grossesses chez les adolescentes ont fortement augmenté dans de nombreux pays à la suite des fermeture des écoles en raison de la pandémie de Covid-19.

07 janvier 2022 par Teresa Omondi-Adeitan, FAWE Africa
|
Lecture : 4 minutes
Une élève dans sa salle de classe à l'école primaire de Nyamachaki, dans le comté de Nyeri au Kenya, en avril 2017. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Une élève dans sa salle de classe à l'école primaire de Nyamachaki, dans le comté de Nyeri au Kenya, en avril 2017.
Credit: GPE/Kelley Lynch

« J'aimerais retourner à l'école, mais je n'ai personne à qui confier mon fils. J'ai aussi besoin d'argent pour l’élever… Je ne peux pas travailler et aller à l'école en même temps. »

Abigael, 15 ans, Kenya

Un nombre important de pays africains ont enregistré un nombre élevé de grossesses chez les adolescentes durant le confinement. Au Kenya par exemple, plus de 150 000 adolescentes sont tombées enceintes sur une période de trois mois en 2020 , soit une augmentation de 40 % du nombre total de grossesses précoces.

Même si les chiffres continuent d'augmenter, dans certains pays, les services de santé sexuelle et reproductive ne sont pas une priorité. Malheureusement, avec la fin du confinement et la réouverture des écoles, on part du principe que toutes les filles qui sont tombées enceintes sont en mesure de retourner à l'école et doivent donc le faire tant que les politiques le permettent.

La déclaration d'Abigael (plus haut) appelle à une réflexion plus poussée sur l'appel au ralliement des politiques de rescolarisation en Afrique. Elle appelle à des stratégies qui soutiennent l'acquisition de connaissances et de compétences au-delà de l'accent mis sur l'enseignement primaire et secondaire.

Un pic de grossesses d’adolescentes pendant la pandémie

Les filles bien éduquées deviennent des femmes autonomes, compétentes et ayant la possibilité de jouer un rôle essentiel dans les processus socio-économiques, démocratiques et de gouvernance au sein de leurs sociétés.

La pandémie de COVID-19 a bouleversé les progrès de l’Afrique en matière de développement et d'éducation relatif à l'égalité des genres dans l'éducation. Les grossesses précoces ont empêché nombre de filles à poursuivre leurs études et à sortir de la pauvreté.

Selon un récent rapport de l'UNICEF, le Malawi pourrait connaître une augmentation de 35 % du nombre de filles âgées de 10 à 19 ans qui sont tombées enceintes au cours du premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019.

En Ouganda, on estime que le nombre de grossesses chez les adolescentes a doublé dans le district de Nwoya si l'on compare les tendances de janvier à mars et d'avril à juin 2020. Une fois les écoles rouvertes, de nombreux gouvernements ont dû s'attaquer à la situation critique des mères adolescentes.

Des politiques de rescolarisation favorables aux filles

Les conclusions des rapports des pays dont le Malawi, la Namibie, le Sénégal et la Tanzanie, réalisés à la demande du Forum des éducatrices africaines (FAWE), ont présenté des recommandations solides sur les politiques de rescolarisation des mères adolescentes.

Les rapports soulignent la nécessité de sensibiliser largement aux stratégies de rescolarisation, qui devraient idéalement être menées par le biais d'une approche multipartite impliquant des représentants du gouvernement, de la société civile, des administrateurs scolaires, des chefs religieux et des structures communautaires et familiales.

Les rapports recommandent également aux gouvernements d'adopter des politiques qui favorisent la rescolarisation des filles. Cela consisterait, par exemple, à donner aux responsables au niveau du district les moyens de s'assurer que les écoles réadmettent les filles qui souhaitent retourner à l'école et offrent des environnements conviviaux à ces enfants-mères.

Ces environnements conviviaux peuvent être créés à travers des programmes consistant à conseiller les adolescents (garçons et filles), les mentors et les autres groupes vulnérables à l'école. Un programme standardisé de mentorat et de formation des enseignants et des élèves mentors sont en outre urgemment nécessaires.

Maintenir les jeunes mères à l'école

Pour les mères adolescentes qui font face à des défis similaires à ceux d'Abigael, les rapports du FAWE recommandent aux ministères de l'Éducation d'accorder une attention particulière aux ménages dirigés par des enfants. Que signifie retourner à l'école pour elles ? À quels systèmes de soutien peuvent-elles avoir accès ? Sans soutien psychosocial, les mères adolescentes abandonneront l'école et se débrouilleront comme elles pourront pour s'occuper de leur bébé.

En plus de donner des conseils, les écoles devraient envisager la mise en place de services de garde d’enfants et, si possible, soutenir les mères adolescentes et leurs parents à mettre en œuvre des activités génératrices de revenus pouvant aider à la prise en charge du bébé et permettre à la mère de poursuivre ses études sereinement.

Le FAWE a récemment lancé un programme pilote visant à aider les mères adolescentes non seulement à retourner à l'école, mais aussi à gérer de petites entreprises pour subvenir à leurs besoins de base. Le programme préconise également une formation à la pédagogie intégrant la notion de genre pour aider les enseignants à répondre aux besoins éducatifs des mères adolescentes en plus de ceux de la population scolaire générale.

Pour les filles ne désirant pas retourner dans les écoles primaires et secondaires formelles, le FAWE encourage la rescolarisation dans l'enseignement supérieur et dans l’enseignement et la formation techniques et professionnelles (EFTP). Le FAWE soutient également l'EFTP pour les filles non scolarisées. Les politiques de rescolarisation doivent aussi être intégrées dans les programmes d'EFTP.

Nous devons par ailleurs nous éloigner de l’idée selon laquelle les garçons et les hommes sont les seuls responsables des grossesses chez les adolescentes. Le FAWE s’adresse aux garçons et aux jeunes hommes qui se retrouvent également coincés dans le rôle de père à leur adolescence.

Garçons comme filles, les adolescents doivent participer à la recherche de solutions. Les garçons peuvent agir en tant que champions communautaires de politiques de rescolarisation appropriées et efficaces. Les garçons et les jeunes hommes peuvent également agir en tant qu’ambassadeurs au niveau de leur communauté pour s'élever contre des pratiques rétrogrades comme le mariage des enfants et encourager les filles à poursuivre leurs études.

Les grossesses précoces empêchent les filles de terminer leur scolarité. Cela contribue à perpétuer les cycles de pauvreté intergénérationnelle.

Des stratégies de rescolarisation doivent être mises en place et répondre aux besoins spécifiques des mères adolescentes. Ces stratégies doivent garantir non seulement la rescolarisation, mais aussi le maintien et la transition vers des niveaux d'éducation plus élevés, afin que les filles puissent réaliser pleinement leur potentiel.

Lire aussi

Commentaires

Bonjour et heureuse année 2022! C'est un sujet très important car le système éducatif africain ne cesse de se confronter à ce problème qui est la rescolarisation des enfants mères. Ces dernières bien qu'intelligentes, elles perdent leur avenir à cause de l'enfant qu'elles portent dans leurs bras. Revenir sur les bancs de l'école devient difficiles pour ces enfants mères. Il est important de créer des centres de formation professionnelle qui répondent à ces enfants mères.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Global and entity tokens are replaced with their values. Explorer les jetons disponibles.
  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.