Tirer parti de l'éducation des filles pour bâtir l'Afrique que nous voulons en 2063

Ce qu’il faut retenir du troisième Sommet des filles africaines.

22 mars 2022 par Simone Yankey, African Union/International Centre for Girls’ and Women’s Education in Africa, et Ian Kaliwo, African Union/CIEFFA
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Lecture : 4 minutes
La professeure Amivi Kafui Tete-Benissan (à gauche) enseigne la biologie cellulaire et la biochimie à l'Université de Lomé, la capitale du Togo. Crédit : Banque mondiale/Stephan Gladieu
La professeure Amivi Kafui Tete-Benissan (à gauche) enseigne la biologie cellulaire et la biochimie à l'Université de Lomé, la capitale du Togo. Elle est également une militante qui encourage les filles à suivre leurs études et faire carrière dans le domaine des sciences.
Credit: Banque mondiale/Stephan Gladieu

Le 3ème Sommet des filles africaines est une plateforme de plaidoyer à l'échelle du continent qui cherche à attirer l'attention sur les questions sociales, juridiques et institutionnelles liées à la culture, les droits humains et la responsabilité, trois domaines essentiels à l'élimination des pratiques néfastes à l’égalité des genres.

Cette troisième édition, qui a eu lieu du 16 au 18 novembre 2021 à Niamey, a été organisée par la République du Niger et la Commission de l'Union africaine en charge de la santé, des affaires humanitaires et du développement social. Son but était d’évaluer les progrès réalisés depuis le premier Sommet en 2015 et d’envisager le futur.

Nous avons adoré cet événement et savez-vous pourquoi ?

Parce que les filles elles-mêmes étaient là pour parler de leur agenda !

Plus de 100 adolescentes et parties prenantes se sont réunies à l'occasion de ce Sommet dont le thème était : Culture, droits humains et responsabilité : accélérer l'élimination des pratiques néfastes.

Les filles africaines ont occupé le devant de la scène pour partager leur expérience et leurs attentes, et discuter des difficultés et des frustrations auxquelles elles sont confrontées au quotidien.

Les discussions ont porté notamment sur les mariages et les grossesses précoces, les mutilations génitales féminines, les abus sexuels et la traite des êtres humains, la façon dont les problèmes d'estime de soi entravent leur apprentissage des STEM ainsi que de l’enseignement et la formation technique et professionnelle, et les emplois à prédominance masculine, etc.

Parmi tous ces sujets, qui sont souvent considérés comme tabous dans notre société, le Sommet s'est principalement concentré sur la question de l'égalité des genres dans l'éducation.

Tout le monde parle de l'éducation des filles, mais nombreuses sont les personnes qui ne comprennent toujours pas son importance, ses fondements et son impact sur la vie des filles, la société et, surtout, sur notre continent, l'Afrique.

Tirer parti de l'éducation des filles pour bâtir l'Afrique que nous voulons

Lors du Sommet, le Centre international de l'Union africaine pour l'éducation des filles et des femmes en Afrique (UA/CIEFFA), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le SIDA (ONUSIDA), le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE), l’ONG Filles, Pas Épouses et l'UNESCO, en collaboration avec ONU FEMMES, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et l'UNICEF, ont coorganisé une session parallèle intitulée Tirer parti de l'éducation des filles pour l'Afrique que nous voulons.

Des jeunes filles et des experts se sont réunis pour discuter des lois, des innovations et des partenariats pour une éducation qui vise à faire évoluer les inégalités de genre à tous les niveaux.

La session a porté sur les progrès réalisés, les meilleures pratiques et les obstacles à l'intégration des droits des filles à une éducation de qualité.

Les délégués du Niger, par exemple, ont expliqué comment le gouvernement avait mis en œuvre différentes initiatives et politiques pour promouvoir l'accès à l'éducation des filles dans un contexte où l’on observe un taux élevé de mariages d'enfants. Au rang de ces initiatives figuraient notamment la création des unités de genre dans tous les ministères, la mise en place d’un programme national pour l'emploi des filles, l’élaboration d’une stratégie pour accélérer la formation des adolescentes et des jeunes femmes, et la décision d’allouer 22 % du budget national à l'éducation.

En Éthiopie où 3,5 millions des 6 millions d'enfants non scolarisés sont des filles, le ministère de l'Éducation a élaboré une politique basée sur la qualité, la pertinence, l’équité, l’efficacité interne et l'accès, associée à une stratégie d'éducation des filles visant à lutter contre les pratiques néfastes et à promouvoir les partenariats.
Avec l'aide d'ONU Femmes, un nouveau programme scolaire et des manuels scolaires tenant compte de la dimension de genre ont été élaborés.

L'UA/CIEFFA, l'UNESCO, l'ONUSIDA et l'Initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles (UNGEI) ont partagé leurs outils respectifs et innovants sur les instruments juridiques en matière d’éducation des filles (le Compendium), des données et des outils innovants tels que l'Initiative « Priorité à l’égalité ».

Des engagements politiques aux actions concrètes : l'Appel de Niamey sur l'éducation des filles

Une jeune nigérienne de 16 ans a déclaré : « Donnez-nous des livres à lire et non des maris ! »

Augmenter les budgets de tous les secteurs pertinents, notamment la santé, l'éducation, la protection de l'enfance, et mettre fin au mariage des enfants et aux mutilations génitales féminines, grâce à un mécanisme de calcul des coûts intégré,
inclusif et participatif.

L'Appel de Niamey a renforcé la nécessité d'un financement suffisant de l'éducation. Cet objectif ne pourra être atteint que si les États membres de l'UA, de manière conjointe avec de nombreuses autres parties prenantes, s'engagent à suivre les recommandations suivantes :

Les États membres de l'UA doivent mettre en œuvre de manière efficace les instruments existants relatifs à l'éducation des filles et des femmes, tels que la Stratégie pour l’égalité entre les sexes de la Stratégie continentale d'éducation pour l'Afrique (GES4CESA) et l'objectif de développement durable 4 sur une éducation de qualité.

Les ministères africains de l'Éducation doivent faire des écoles des lieux sûrs et supprimer les politiques éducatives néfastes qui empêchent l'accès des filles à l'éducation, à l’instar de l'expulsion des filles des écoles pour cause de grossesse ; et doivent prendre des mesures pour mettre fin au mariage des enfants, à la violence contre les femmes et les filles et au travail des enfants. Cela peut se faire en mettant en œuvre des stratégies innovantes, de larges partenariats et des mécanismes de financement tels que :

  • l'augmentation des ressources nationales et la mobilisation de financements externes, par exemple, par le biais de l'Accélérateur de l’éducation des filles du GPE, qui octroie des ressources pour soutenir l'égalité des genres dans les pays et les régions où l'éducation des filles a été reconnue comme un défi majeur ;
  • la planification du secteur de l'éducation intégrant l'égalité des genres dans tous les aspects, de l'analyse, à l’évaluation en passant par le développement de la stratégie, la budgétisation et le suivi ; et
  • l’amélioration de l'accès à l’éducation et à des informations complètes, ainsi qu'à la santé et aux droits sexuels et génésiques, afin de donner aux filles les moyens de se protéger contre le VIH, la violence sexiste, les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants.

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