5 points à retenir pour l’éducation après le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial

Les gouvernements présents au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial ont réaffirmé le rôle déterminant de l’éducation dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment en ce qui concerne le renforcement de la paix et de la sécurité dans le monde et la lutte contre les effets du changement climatique.

30 juin 2023 par Heather Saunders, GPE Secretariat, et Praveen Prasad, GPE Secretariat
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Une enseignante et ses élèves en classe à l'école maternelle communautaire de Nambirghékaha, près de Korhogo en Côte d'Ivoire. Mars 2023. Crédit : GPE/Rodrig Mbock
Une enseignante et ses élèves en classe à l'école maternelle communautaire de Nambirghékaha, près de Korhogo en Côte d'Ivoire. Mars 2023.
Credit: GPE/Rodrig Mbock

La réunion des dirigeants mondiaux à Paris, la semaine dernière, à l'occasion du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, laissait augurer des discussions importantes pour le secteur de l'éducation.

Les tables rondes et les débats organisés lors de ce sommet ont été l’occasion pour les gouvernements de réaffirmer le rôle déterminant de l’éducation dans la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier en ce qui concerne le renforcement de la paix et de la sécurité dans le monde et la lutte contre les effets du changement climatique.

1. L’éducation est indissociable de la lutte contre la pauvreté et les effets du changement climatique

Le président Emmanuel Macron a souligné les liens existant entre l’éradication de la pauvreté et les mesures en faveur d’une transition écologique équitable dans son allocution d’ouverture : « Aucun décideur ne doit avoir à choisir entre la réduction de la pauvreté et la protection de la planète. »

Mme Mia Mottley, présidente de la Barbade et instigatrice de l’initiative de Bridgetown, a rappelé que « l'éducation et le climat étaient indissociables ».

Les conclusions de la présidence font clairement ressortir que « face à ce combat, le financement de l’éducation représente un investissement et non un coût ».

Alors que les acteurs du secteur de l’éducation vont de l’avant après Sommet de Paris, il s’agit d’établir de nouvelles connexions avec les fonds climatiques, de prendre en compte l’éducation dans le financement climatique, et d’accorder une place centrale à l’éducation à travers les efforts d’atténuation et d’adaptation.

2. L’éducation demande un financement plus important, plus équitable et plus efficace

Le président du Niger, Mohamed Bazoum, est intervenu lors de la table ronde intitulée Accroître l’investissement mondial dans l’éducation pour catalyser le développement durable organisée par l'UNESCO et le GPE. « Le Niger aurait beau consacrer 50 % de ses ressources à l’éducation, cela ne suffirait pas. Nous avons besoin d’un système de financement international pour aider le Niger à sortir de l’impasse. Seule l’éducation permettra de créer les conditions favorables à la prospérité au Niger. Il en va de même pour l’Afrique ».

Il a ajouté : « Nous ne pouvons pas vivre dans un monde scindé en deux parties, l’une prospère et l’autre pauvre. Nous ne pouvons pas espérer l’harmonie et la paix dans un tel monde, c’est impossible ! »

M. Kwaku Afriye, ministre ghanéen de l’Environnement, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation, a plaidé pour que le financement climatique serve à l’éducation, arguant que « une population éduquée est l’un des atouts les plus efficaces dans la lutte contre les dérèglements climatiques ».

3. Les pays ont demandé l’adoption d’une nouvelle approche du financement international de l’éducation

Les chefs d’État et les ministres ont profité de ce sommet pour lancer des appels pressants en faveur de l’appropriation par les pays, de l’efficacité de l’aide, de l’harmonisation et de l’alignement de l’éducation sur les systèmes internationaux et sur les priorités des gouvernements.

Ces propositions cadrent avec les engagements formulés lors du Sommet sur la transformation de l'éducation concernant le financement de l'éducation, ainsi qu'avec le communiqué ministériel.

M. A. K. Abdul Momen, ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, estime que « le système multilatéral actuel de financement de l’éducation pose plusieurs problèmes qui nuisent à la bonne utilisation des fonds et à l’obtention des résultats escomptés. Les pays partenaires ont parfois du mal à naviguer entre les multiples organismes dont les mandats se chevauchent.... Comme l’a rappelé M. Macron, il n’existe pas de solution universelle. Elles doivent donc être adaptées aux besoins des bénéficiaires. Nous devons nous assurer que chaque centime investi soit utile aux générations futures ».

Ces échanges se sont appuyés sur les réflexions menées sur le financement de l'éducation à l'occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, et notamment sur l'initiative visant à réformer le financement multilatéral de l'éducation, à laquelle le GPE participe.

Tabassum Akter Mim is 8 years old and visits the Cantonment Government Primary School in Dhaka, Bangladesh. January 2023. Credit: GPE/Salman Saeed
Tabassum Akter Mim a 8 ans et fréquente l'école primaire publique de Cantonment à Dhaka, au Bangladesh. Janvier 2023.
Credit:
GPE/Salman Saeed

4. Le remboursement de la dette grève le budget de l’éducation, mais des allègements de dettes conditionnels sont envisageables

Le service de la dette représente 50 % ou plus du budget de l’éducation dans plus de 30 pays partenaires du GPE.

C'est pourquoi le GPE a lancé Debt2Ed, un mécanisme de financement innovant qui permet de réduire le montant de la dette en contrepartie d'investissements accrus dans le domaine de l'éducation.

Le GPE a ainsi alloué 40 millions de dollars au titre du fonds à effet multiplicateur à la Côte d’Ivoire dans le cadre d’un accord d’allègement de dette conditionnel conclu entre la France et la Côte d’Ivoire, et structuré de manière à ce que le montant des remboursements soit réinvesti dans le secteur de l’éducation ivoirien.

Cette opération a aussi permis au pays de mobiliser de nouveaux financements auprès d’autres partenaires, augmentant ainsi le montant de son enveloppe financière.

Face à l’ampleur et à la gravité de la crise de la dette qui sévit actuellement, ce mécanisme permet de convertir la dette d’un pays partenaire en ressources nouvelles et additionnelles pour l’éducation, et ainsi de transformer le système et de mobiliser d’autres financements auprès du fonds à effet multiplicateur du GPE.

5. Des approches innovantes permettent d’obtenir de nouveaux financements pour l’éducation

M. Padraig Power, directeur des finances et des opérations du GPE, a présenté la manière dont le GPE utilise ce mécanisme de financement novateur (le fonds à effet multiplicateur) pour obtenir des cofinancements nouveaux et supplémentaires.

Les quelque 500 millions de dollars de financements octroyés par le GPE ont d’ores et déjà permis de mobiliser plus de 2 milliards de dollars en cofinancement (sous forme de financements ou de financements mixtes) auprès de banques multilatérales de développement, d’agences multilatérales et bilatérales, d’organisations philanthropiques et du secteur privé.

Une nouvelle initiative sur le financement intelligent de l’éducation (SmartEd) lancée par le GPE, la Banque islamique de développement (BIsD) et le Groupe de coordination arabe a permis de dégager 500 millions de dollars de financements supplémentaires pour l’éducation dans plusieurs pays membres de la BIsD et du GPE.

Le mécanisme GPE 1 :1 permet de verser une contribution équivalente à celles du secteur privé et des organismes philanthropiques. Il a permis de faire face à la crise en Ukraine et d’obtenir des contributions supplémentaires en espèces et en nature du secteur privé en faveur de l’éducation.

Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires pour veiller à l’harmonisation du financement de l’éducation et à la mobilisation de ressources supplémentaires grâce à des approches de financement novatrices, que nous n’aurions pas pu obtenir autrement.

Prochaines étapes

La perspective d’autres rendez-vous internationaux importants comme le G20, le Sommet des Nations Unies sur les ODD, la COP28, le Forum mondial sur les réfugiés et l’année de l’éducation de l’Union africaine en 2024, implique de voir se confirmer la détermination des responsables politiques à financer l’éducation — car, comme l’a dit le président Bazoum, « seule l’éducation permettra de créer les conditions favorables à la prospérité ».

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