Apprendre avec plaisir dans les zones rurales du Zimbabwe grâce aux manuels scolaires
23 octobre 2023 par Farai Mutsaka, UNICEF Zimbabwe |
Lecture : 5 minutes

Les manuels scolaires offerts aux élèves des zones rurales du Zimbabwe grâce à un financement du GPE – mis en œuvre en partenariat avec l'UNICEF et le ministère de l'enseignement primaire et secondaire - changent leur attitude à l'égard des écoles.

 

Cet article a été précédemment publié sur le site de l’UNICEF.

Murewa, Zimbabwe – Farirai Gatsi est une élève de septième année qui fréquente l’école primaire de Muneno dans le district de Murewa, au Zimbabwe. Elle doit parcourir environ 5 kilomètres à pied pour arriver à l’école à 6 h 30. Elle est aussi généralement parmi les derniers élèves à partir.

Elle utilise ce temps supplémentaire pour se joindre à une discussion de groupe ou parcourir les manuels à la recherche d’informations qui l’aideront à mieux se préparer aux prochains examens.

« Me lever tôt le matin n’est qu’un petit sacrifice à faire pour avoir de bonnes notes. Le plus important, c’est que j’ai des manuels que je peux désormais utiliser », explique-t-elle, un manuel sur l’agriculture à la main.

L’école de Muneno fait partie des milliers d’établissements primaires de ce pays du Sud de l’Afrique qui compte 15 millions d’élèves à avoir reçu des manuels dans le cadre du programme du Partenariat mondial pour l’éducation mis en œuvre en collaboration avec l’UNICEF et le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire.

Farirai n’a pas toujours été intéressée par l’école. Avant l’arrivée des manuels, les jours d’école étaient les pires pour les enfants de 12 ans. Des bagarres surgissaient fréquemment entre les élèves qui se disputaient les ressources, rares mais indispensables.

Plutôt menue, Farirai se souvient avoir subi de l’intimidation à tel point que l’école était devenue un véritable lieu de supplice plutôt qu’un lieu de savoir.

« Le manque de manuels finissait toujours par créer des conflits. Cela était à l’origine de beaucoup de rapports de force dans la classe. Je suis la plus jeune et relativement menue. J‘en souffrais donc beaucoup, car les plus grands recouraient à la force pour s’emparer des manuels », se rappelle-t-elle. « Maintenant que chaque élève possède ses propres manuels, il n’y a plus d’intimidation. Je peux étudier en paix. »

Contrairement à avant, Farirai ne compte plus seulement sur le travail donné par son enseignant et ne passe plus des heures à recopier ce qui est écrit au tableau.

« Notre enseignant nous renvoie simplement au manuel pour nos devoirs. Je peux aussi étudier davantage en utilisant les manuels pour lire et approfondir mes recherches. Ici, Internet n’est pas fiable. Et même s’il l’était, la plupart des parents n’ont pas les moyens d’acheter un téléphone ou un forfait de données mobiles à leur enfant. Ces manuels sont donc notre principale source d’information pour faire des recherches », précise-t-elle.

Des élèves utilisant des manuels fournis dans le cadre du programme du GPE visant à améliorer l’enseignement et l’apprentissage dans les écoles. École primaire de Muneno dans la province du Mashonaland oriental, district de Murehwa au Zimbabwe. Crédit : UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka
Des élèves utilisant des manuels fournis dans le cadre du programme du GPE visant à améliorer l’enseignement et l’apprentissage dans les écoles. École primaire de Muneno dans la province du Mashonaland oriental, district de Murehwa au Zimbabwe.
Credit:
UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka

En 2017, le Zimbabwe a lancé un nouveau programme scolaire dans le but de promouvoir l’apprentissage basé sur les compétences. Plusieurs nouvelles matières ont alors été introduites. Ce changement a empiré une situation déjà critique de pénurie de manuels dans bon nombre d’écoles.

L’intervention du GPE, avec ses cinq phases de distribution de manuels scolaires, a considérablement amélioré la situation de millions d’élèves qui fréquentent les milliers d’écoles primaires et secondaires situées dans des communautés défavorisées des 72 districts du pays.

En 2021, l’UNICEF a remis près de 220 000 manuels de mathématiques à des élèves de quatrième année dans environ 3 000 écoles. Cette livraison s’ajoute aux autres manuels qui avaient été distribués aux élèves de première, deuxième et troisième années, lors des phases antérieures du programme.

Au niveau du primaire, l’UNICEF a distribué des manuels couvrant six domaines d’apprentissage. Il s’agit de l’agriculture, des sciences et technologies, des arts visuels et des arts de la scène, de la famille, de la religion et l’éducation morale, de l’éducation physique, du sport et de l’affichage de masse, ainsi que des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Ces matières ont été retenues parce qu’elles étaient relativement nouvelles après le lancement du nouveau programme d’enseignement et qu’il manquait cruellement de matériel scolaire.

Les élèves comme les enseignants conviennent que cette intervention a grandement amélioré la préparation aux examens publics de fin de septième année, véritable porte d’accès au secondaire.

L’UNICEF a également fourni des manuels de mathématiques aux élèves des classes de septième année. Qui plus est, les guides d’apprentissage autonome en anglais et en mathématiques qui avaient été distribués au plus fort de la pandémie de COVID-19, alors que les fermetures d’écoles ne faisaient que s'enchaîner, s’avèrent très utiles.

Au total, les élèves de plus de 6 000 écoles primaires et secondaires ont reçu environ 17 millions de manuels portant sur divers domaines d’apprentissage.

D’après la direction des établissements bénéficiaires, comme l’école primaire de Muneno, la réponse des élèves, tant sur le plan social que scolaire, est très encourageante.

« Nous avons remarqué une grande différence dans les relations entre les élèves. Avant, les élèves se battaient pour s’approprier les quelques exemplaires disponibles, au point de déchirer parfois les manuels. Les cas d’intimidation liés aux manuels sont désormais de l’histoire ancienne », explique Tecla Chapfika, directrice de l’école primaire de Muneno.

D’après l’UNICEF, l’intimidation peut être un véritable problème pour les enfants scolarisés. L’UNICEF souligne qu’une éducation de qualité, à la fois sûre et inclusive, permet aux jeunes de nouer des amitiés et d’acquérir des compétences indispensables pour savoir gérer des situations sociales et prendre le chemin d’un avenir prometteur.

Prenons l’exemple de l’école primaire de Muneno. Le taux de réussite y est monté en flèche grâce au regain d’intérêt des élèves envers l’apprentissage, selon Mme Chapfika, la directrice de l’établissement.

« Depuis que nous avons commencé à recevoir ces manuels, notre taux de réussite a bondi. Nous étions généralement autour de 30 %. Nous sommes ensuite passés à 45 % et les derniers résultats de 2022 montrent que nous avons désormais un taux de réussite de 89 % en septième année, grâce aux manuels » a-t-elle affirmé.

Participation accrue des élèves en classe grâce à la fourniture de manuels à l’école. Crédit : UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka
Participation accrue des élèves en classe grâce à la fourniture de manuels à l’école.
Credit:
UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka

À l’école primaire voisine de Chamapango, alors que se déroulait une leçon sur les TIC il y a peu, la volonté de participer des élèves était palpable. L’enseignante a posé une question. Des douzaines de mains se sont immédiatement levées. Les enfants qui avaient besoin de trouver la réponse se sont reportés à leurs manuels puis toute la classe a applaudi l’élève qui avait donné la solution.

Avant, ce type de leçon était très fastidieux, tant pour les élèves que pour les enseignants.

« Sans manuels, c’était difficile d’enseigner. Nous devions d’abord aller piocher toutes les informations nécessaires pour faire le plan de la leçon et ensuite, tout écrire sur le tableau, ce qui prenait beaucoup de temps. Maintenant c’est tellement facile. On se reporte simplement aux manuels », explique Zivanai Chikono, un enseignant de septième année qui a 25 années d’expérience. Selon lui, les manuels aident également les élèves à améliorer leurs capacités de lecture.

Pour les élèves comme Farirai, cette élève de primaire de Muneno qui détestait l’école à cause des intimidations liées aux manuels scolaires qu’elle subissait, la classe est à nouveau devenue synonyme de joie, un lieu pour se faire des amis.

« Maintenant on étudie tous ensemble parce qu’on n’a plus besoin de se battre pour les manuels. C’est plus facile de travailler en groupe quand tout le monde est content », glisse Farirai avant de rejoindre quatre de ses camarades de classe pour discuter des devoirs de la journée.

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Cet article fait partie des récits d'intérêt humain produits par UNICEF Zimbabwe.

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