Au Zimbabwe, les subventions aux écoles éveillent les rêves d’une carrière en sciences chez les élèves des zones rurales
31 octobre 2023 par Farai Mutsaka, UNICEF Zimbabwe |
Lecture : 4 minutes

Grâce aux financements pour l'amélioration des écoles soutenus par le GPE, les expériences scientifiques pratiques sont devenues une des activités préférées des élèves des zones rurales et agricoles du Zimbabwe, qui désormais rêvent à nouveau d'un avenir meilleur.

 

Cet article a été précédemment publié sur le site de l'UNICEF.

Uzumba, Zimbabwe – Revêtue d’une blouse blanche de laboratoire par-dessus son uniforme scolaire, Loreen Matsukunya manie les béchers et les éprouvettes pour tester l’acidité et l’alcalinité de différentes solutions à l’école secondaire de Magunje, située dans une région rurale du Nord-Est du Zimbabwe.

Le nouveau laboratoire, construit grâce aux fonds complémentaires décaissés au titre de la subvention pour l’amélioration des écoles, fait renaître son rêve d’enfant de poursuivre une carrière scientifique.

« Après mes études, je veux être biologiste », déclare la jeune fille de 16 ans. « J’avais abandonné pendant un certain temps. Cette perspective semblait impossible pour quelqu’un qui étudie dans une école rurale aussi pauvre. »

C’est en 2020, après s’être inscrite en première année, que Loreen avait renoncé à son rêve. L’école ne disposant pas de laboratoire, la direction encourageait les élèves à s’engager dans une filière artistique ou commerciale.

Malgré tout, Loreen avait choisi les quelques cours touchant aux STIM que l’école pouvait dispenser, même s’ils étaient plus théoriques que pratiques, ce qui ne répondait pas vraiment à ses aspirations. À un niveau avancé, l’école ne proposait pas de combinaisons de matières qui pouvaient lui permettre de prétendre à un diplôme universitaire dans une filière relative aux sciences, aux technologies, à l‘ingénierie et aux mathématiques (STIM).

« J’avais perdu tout espoir. Je savais que mon rêve ne se réaliserait pas. C’était cruel », rapporte Loreen, qui trouve les travaux pratiques en sciences utiles pour se préparer aux examens de niveau régulier prévus à la fin de l’année.

Comme pour mettre ce passé douloureux derrière elle, Loreen oriente la conversation vers un présent et un avenir plus prometteurs.

« Restons concentrées. Les résultats sont prêts », souffle-t-elle à sa camarade chargée de noter l’évolution de l’expérience dans un carnet. Tongai Musariri, directeur du département des sciences, vient vérifier et confirmer que l’expérience a été bien faite. Les deux élèves se tapent dans la main.

M. Musariri explique que l’école, qui se trouve à environ 80 kilomètres au nord-est de la capitale Harare, envisage désormais d’introduire les sciences au niveau avancé en 2024, misant sur des élèves passionnés comme Loreen.

« Nous ne pouvons pas continuer à priver ces enfants de leurs rêves en nous limitant aux filières artistiques et commerciales, alors que nous sommes désormais équipés d’un laboratoire de sciences. De plus, en intégrant des matières scientifiques au niveau avancé ici, nous allons soulager les rares écoles qui dispensent des cours de STIM dans notre district », continue M. Musariri, précisant que les élèves qui fréquentent son école viennent parfois de villages situés à 20 kilomètres de là.

Le laboratoire et ses équipements à l’école secondaire de Morris, située dans la province du Mashonaland oriental, dans le district d’Uzumba, au Zimbabwe.
Le laboratoire et ses équipements à l’école secondaire de Morris, située dans la province du Mashonaland oriental, dans le district d’Uzumba, au Zimbabwe.
Credit:
UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka

« Nos matières n’étaient pas assez variées, au niveau avancé. Nous ne pouvions pas proposer des matières scientifiques parce que nous ne disposions pas des infrastructures adéquates. Imaginez, un instant, un examen de sciences avec des expériences se déroulant dans une salle de classe surchargée. C’était impensable pour un cours de biologie de niveau avancé, par exemple », explique M. Musariri, qui enseigne à l’école depuis près de dix ans.

C’est le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) qui est à l’origine du financement complémentaire de la subvention pour l’amélioration des écoles.

Ce financement cible les écoles défavorisées du Zimbabwe, principalement situées dans les zones rurales et agricoles du pays. Grâce aux fonds, ces établissements scolaires ont la possibilité d’améliorer leurs infrastructures et notamment, d’achever la construction de salles de cours et de laboratoires de sciences.

L’initiative vise à améliorer la qualité de l’éducation pour tous les enfants, en particulier les plus vulnérables et les plus défavorisés. C’est l’UNICEF qui gère les fonds et apporte le soutien technique.

Depuis 2019, 1 991 écoles du pays ont bénéficié d’une aide financière, pour la finalisation des travaux de construction de salles de classe ou de laboratoires qui avaient été mis à l’arrêt en raison du manque de fonds.

Ces établissements se situent dans des collectivités défavorisées, où les parents n’ont pas les moyens de payer les frais de construction. Les écoles avaient épuisé leur budget avant la fin des travaux ou subi des catastrophes naturelles ayant détruit leurs infrastructures.

À l’école secondaire de Magunje, la direction a décidé d’utiliser les 10 000 dollars US de l’allocation complémentaire consentie au titre de la subvention pour l’amélioration des écoles pour transformer un bloc de classes vétustes en un laboratoire de sciences semi-fini.

L’intervention a transformé l’expérience d’apprentissage des élèves et offre de nouvelles possibilités à ceux qui veulent faire des travaux pratiques en sciences.

Avant, les enseignants de sciences se levaient à l’aube pour préparer des expériences qui se déroulaient dans des classes bondées, avec le risque de briser les instruments. Les produits chimiques comme l’acide pouvaient facilement se renverser, mettant en danger les élèves qui se pressaient les uns contre les autres pour regarder leur enseignant en train de faire l’expérience tout en l’expliquant.

« Les jeunes ont envie d’aller au laboratoire. Même pour l’enseignant, quand le laboratoire sera entièrement équipé, il verra les instruments clairement étiquetés sur des tablettes et des étagères, plutôt qu’entassés dans une petite pièce », explique M. Musariri.

Deux élèves de l’école secondaire de Magunje, dans la province du Mashonaland oriental, dans le district d’Uzumba au Zimbabwe.
Grâce aux nouveaux laboratoires financés par le GPE, les élèves qui fréquentent des écoles rurales marginalisées ont la possibilité de suivre des cours de STIM. Ici, deux élèves de l’école secondaire de Magunje, dans la province du Mashonaland oriental, dans le district d’Uzumba au Zimbabwe.
Credit:
UNICEFZimbabwe/2023/Farai Mutsaka

Il ajoute : « Avec huit élèves par table de travail, tout le monde peut participer. Les élèves effectuent désormais eux-mêmes les expériences plutôt que de regarder l’enseignant les réaliser, comme c’était le cas avant. »

L'histoire résonne à Uzumba, Maramba et Pfungwe et dans les communautés voisines de Murewa, où les écoles utilisent les fonds pour construire des laboratoires de sciences et accroître l'intérêt pour les matières scientifiques chez les élèves.

À l’école secondaire de Morris, dans le district d’Uzumba, les élèves et les enseignants avaient l’habitude de suivre les cours de sciences à l’intérieur d’une salle de classe ordinaire ou sous un arbre.

Aujourd’hui, un groupe d’élèves réalise une expérience où ils mesurent la tension et le courant électrique à l’aide d’outils adaptés dont des câbles de raccordement sur des tables de travail en granit équipées de tabourets, de prises électriques et de bouteilles de gaz sécurisées. Sur la table de travail à côté, trois filles s’affairent à allumer un bec Bunsen pour tester l’eau à diverses températures.

Lire aussi