Côte d’Ivoire : des partenariats innovants pour une meilleure collaboration public-privé en matière de financement de l’éducation

Découvrez comment une coalition constituée d’entreprises du secteur privé et de fondations philanthropiques, menée par la Fondation Jacobs, s'est associée au ministère de l'Éducation, pour aider le pays à dispenser une éducation de qualité dans les communautés rurales et porter à l'échelle des solutions fondées sur des données probantes en matière d'apprentissage fondamental.

02 février 2021 par Sabina Vigani, Jacobs Foundation, et Stijn De Lameillieure, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Des élèves de 6e du Collège moderne de N'Guyakro en Côte d'Ivoire, debout dans leur salle de classe. Crédit : GPE/Carine Durand
Des élèves de 6e du Collège moderne de N'Guyakro en Côte d'Ivoire, debout dans leur salle de classe.
Credit: Crédit : GPE/Carine Durand

La Côte d'Ivoire est l’une des puissances économiques d’Afrique de l’Ouest. Avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, c'était l'une des économies à la croissance la plus rapide au monde, renforcée par sa position de premier producteur de cacao et de noix de cajou bruts.

Cependant, les inégalités sociales persistantes et les défis structurels auxquels le pays continue de faire face, ont entravé la redistribution des retombées de cette réussite économique au bénéfice des populations les plus pauvres et ont exercé une pression supplémentaire sur les services publics, y compris l'éducation.

Aujourd'hui, plus d'un enfant sur cinq en âge d'aller à l'école primaire ne se retrouve pas dans le système éducatif formel. Les filles et les enfants issus des milieux ruraux pauvres en particulier, en sont les plus exclus. De plus, on estime que près de 800 000 enfants sont directement concernés par des formes de travail infantile dangereux dans la production de cacao, telles que l'utilisation d'outils tranchants ou l'exposition à des produits agrochimiques.

Une coalition constituée d'investisseurs du secteur privé et de fondations philanthropiques, menée par la Fondation Jacobs, s'est associée au ministère de l'Éducation Nationale de Côte d’Ivoire, pour aider le pays à fournir une éducation de qualité dans les communautés reculées et rurales et porter à l'échelle nationale des solutions basés sur des données probantes en matière d'apprentissages fondamentaux.

Le fonds à effet multiplicateur du GPE fournit une incitation et jusqu'à 13 millions de dollars de financement dans le cadre de ce partenariat innovant qui vise à scolariser davantage d'enfants marginalisés et favoriser leur apprentissage, amplifiant ainsi la portée des 39 millions de dollars de cofinancement engagés par la coalition d'investisseurs.

Poser les jalons d’une coalition pour améliorer la qualité de l’éducation

En 2015, la Fondation Jacobs, basée en Suisse, a lancé son programme pays le plus important jusqu’à lors en Côte d'Ivoire, nommé Transformer l’Education dans les Communautés de Cacao (TRECC). Doté d’une enveloppe de 50 millions de francs suisses (environ 55 millions de dollars), il vise à contribuer au changement systémique grâce à un enseignement primaire de qualité et au développement de la petite enfance.

Plusieurs entreprises productrices de cacao et de chocolat avaient déjà soutenu des projets visant à améliorer l'accès à l'éducation dans les communautés de leur filière d’approvisionnement, en apportant notamment leur soutien aux enfants non scolarisés pour qu'ils rejoignent l'école formelle et en investissant dans les infrastructures scolaires.

Toutefois, beaucoup restait à faire en vue d’un meilleur alignement stratégique entre les actions de tous ces acteurs et les plans nationaux d’éducation. Néanmoins, la volonté de collaborer était palpable.

La proposition du programme TRECC de mettre en commun le savoir-faire et les capacités de financement de ces partenaires des secteurs privé et philanthropique a donc été bien accueillie. Douze entreprises et deux fondations philanthropiques, UBS Optimus Foundation et Bernard van Leer Foundation, ont rejoint le programme TRECC.

Cette approche a constitué le début d’un changement de paradigme. On passait ainsi de la simple promotion de l'accès à l'éducation à la promotion de la qualité de l’éducation : que se passait-il vraiment dans les salles de classe ? Les enfants apprenaient-ils réellement ? Etaient-ils accompagnés de façon optimale dès leurs premières années de scolarisation ? Atteignaient-ils les niveaux de compétences attendus ? Sinon, pourquoi et à quels risques étaient-ils exposés le cas échéant ?

Soutenir les priorités nationales

La collaboration avec les ministères et le gouvernement dès le départ a été un facteur de succès essentiel. Au cours des cinq dernières années, un dialogue politique constructif et fondé sur la confiance a été établi et entretenu avec le Ministère de l'Éducation Nationale et les autres ministères impliqués dans le programme TRECC.

S'appuyant sur ses résultats et leçons apprises, la Fondation Jacobs a lancé en 2020, une nouvelle initiative, baptisée — Child Learning and Education Facility (CLEF).

CLEF est un mécanisme de financement commun avec un objectif de capitalisation à terme de 110 millions de francs suisses (plus de 120 millions de dollars) aligné sur le plan sectoriel de l'éducation du pays. Il a été conçu pour lutter contre le travail des enfants en promouvant un apprentissage de qualité à échelle, en commençant par les enfants des régions cacaoyères ayant les plus grands besoins.

Le gouvernement, 14 entreprises de l’industrie du cacao et du chocolat et deux fondations se sont déjà engagés à en soutenir la mise en œuvre. Son objectif principal est d'améliorer les compétences de base en lecture et en calcul de 5 millions d'enfants au niveau primaire.

Il accélèrera également les investissements dans les infrastructures scolaires avec la construction de 2 500 nouvelles salles de classe. Jusqu'à 10 millions de parents seront également sensibilisés sur l’importance de l'éducation dans le cadre de cette initiative.

Catalyser les investissements pour un meilleur impact

Transformer les systèmes éducatifs est un objectif particulièrement ambitieux. La mise en commun de l'expertise, des ressources et du leadership éclairé pour atteindre cet objectif est au cœur du nouveau plan stratégique du GPE (2021-2025).

Le GPE, en tant que seul partenariat et fonds au monde dédié exclusivement à garantir une offre éducative de qualité, vise à impliquer des acteurs du secteur privé et des fondations partageant les mêmes idées, pour parvenir à des changements à grande échelle, aligner et regrouper les investissements, innover et façonner les politiques éducatives.

L’une des manières d’y parvenir consiste à solliciter le fonds à effet multiplicateur du GPE, un instrument de financement incitatif qui aide les pays à mobiliser des compétences ainsi qu’un financement accru et ciblé en faveur de l’éducation. Obtenir un financement du fonds à effet multiplicateur du GPE n’est pas automatique et dépend du respect de plusieurs critères, notamment l’acquisition d’un soutien externe nouveau et supplémentaire pour le plan sectoriel de l’éducation du pays concerné.

Au cours des trois dernières années, près de 30 pays ont eu recours au fonds à effet multiplicateur du GPE et ont pu mobiliser au total plus d'un milliard de dollars US de cofinancement pour soutenir des programmes d'éducation. Cet apport financier - ainsi que l'expertise et les idées qui l'accompagnent - a été le fait de divers partenaires, des fondations philanthropiques aux banques de développement multilatérales et régionales.

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, l’expertise et les financements supplémentaires du partenariat CLEF permettent au gouvernement d’accéder à 13 millions de dollars provenant du fonds à effet multiplicateur du GPE. Le fonds sert de catalyseur pour la réalisation de CLEF car il fournit un cofinancement supplémentaire destiné à faire progresser l’acquisition des compétences fondamentales des élèves en lecture et mathématiques, une des grandes priorités du plan sectoriel de l’éducation du pays.

Combiner les ressources et l'expertise de CLEF au fonds à effet multiplicateur du GPE suppose également un meilleur alignement entre les différents programmes des parties prenantes.

Alors qu’il nous reste moins d'une décennie pour atteindre l'ODD 4 qui vise une éducation de qualité pour tous, nous sommes à la croisée des chemins.

Les effets combinés des fermetures d'écoles et de la crise économique engendrée par la pandémie de COVID-19 menacent de nous faire perdre deux décennies de progrès en matière d'éducation. Le besoin de partenariats public-privé innovants capables de mobiliser des financements à grande échelle n'a jamais été aussi pressant.

La mobilisation du GPE, de la Fondation Jacobs et d’une coalition de donateurs non souverains qui promeuvent conjointement les objectifs, les plans et les politiques d’éducation de la Côte d’Ivoire, main dans la main avec le gouvernement, peut servir de modèle d’action dans le secteur.

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Commentaires

Bonjour la fondation Jacob. J’apprécie beaucoup ce que vous faites pour que l’éducation soit plus meilleure. Nous sommes une ONG, nous cherchons des partenaires pour un projet dans le cadre de l’éducation.

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