Chaque jour dans le monde, des enfants vivent et apprennent dans des environnements multilingues. L’ONG Save the Children met en œuvre des programmes d'éducation dans près de 120 pays et, dans la plupart d'entre eux, le multilinguisme est la norme.
La communauté du développement international et l’ONG Save the Children ont réalisé des progrès remarquables ces dernières années en matière de développement, de mise en œuvre et de plaidoyer pour un enseignement multilingue basé sur la langue maternelle (MTB-MLE). Malgré ces efforts, les apprenants multilingues ont tendance à afficher des résultats d'apprentissage de niveaux inférieurs comparés à ceux de leurs homologues monolingues.
Dans le cadre des célébrations de l’Année internationale des langues autochtones de l’UNESCO 2019, il était impératif que notre communauté prenne au sérieux les réalités multilingues de la vie des enfants en tant qu’outil pouvant faire progresser leurs droits et améliorer leurs possibilités d’apprentissage et conditions de vie.
Les défis du multilinguisme
Le multilinguisme est une réalité dans les pays où l’ONG Save the Children est active : le nombre de langues autochtones parlées en Indonésie est de 719, il en existe 85 en Éthiopie et 24 au Guatemala.
Ces chiffres nationaux masquent un niveau supplémentaire de complexité linguistique aux niveaux scolaire, communautaire, familial et individuel. Certains enfants parlent une langue à la maison et une autre à l’école et d’autres parlent plusieurs langues à la maison. Les enseignants peuvent ne pas parler la langue de la communauté dans laquelle ils enseignent, mais s’exprimer en plusieurs autres langues.
La recherche internationale croissante sur les cerveaux bilingues suggère que le bi et le multilinguisme peuvent avoir des effets bénéfiques importants sur les enfants. Dans leur Revue systématique et méta-analyse des corrélations cognitives du bilinguisme, (en anglais), Adesope, Lavin, Thompson et Ungerleider ont constaté que les apprenants bilingues faisaient preuve d’« un contrôle d’attention accru, une mémoire de travail, une conscience métalinguistique et des capacités de représentation abstraite et symbolique ».
Les Nations Unies reconnaissent les droits linguistiques de tous les enfants comme fondamentaux. L’article 29 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant stipule clairement que : « Les Etats parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à lui inculquer le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles,ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ».
Les recherches sur le bilinguisme et les textes sur les droits de l’enfant montrent à suffisance qu’il est essentiel de garantir de l’accès à un enseignement bilingue ou multilingue. Les personnes impliquées dans la conception de politiques et programmes d’éducation y relatifs pourraient bien s’en inspirer.
Les résultats d'apprentissage sont faibles dans les contextes multilingues
Les donateurs multilatéraux et bilatéraux ont mis en œuvre des stratégies éducatives encourageant les enfants à apprendre à lire en premier dans une langue qu'ils parlent et comprennent. Certains pays tels que les Philippines ont mis en place des politiques d'éducation bilingues claires qui visent la compétence dans au moins deux langues pour tous les enfants.
Les ONG internationales, telles que Save the Children, expliquent clairement que la langue est importante en soulignant par le biais de programmes de plaidoyer et de programmes : « les instructions et activités de lecture et d'écriture à l’intention des enfants - à la fois à l'école et en dehors - doivent être données dans une langue qu'ils comprennent. »
En dépit des avantages évidents du bi- ou multilinguisme et de l'engagement exprimé par les donateurs, les gouvernements et les ONGI à l'égard de la MTB-MLE, les enfants peinent toujours à apprendre comme prévu. Trente-sept des 45 rapports internes de Save the Children sur l’éducation font état d'une relation entre la langue et les résultats de l'apprentissage (2009-2017).
Cette relation est généralement négative, les enfants bilingues ou multilingues affichant des résultats d'apprentissage inférieurs à ceux de leurs homologues monolingues. Pourquoi, quand on s'attend à ce que le bilinguisme ait des impacts positifs, les enfants apprenant dans des contextes multilingues semblent-ils avoir un rendement médiocre, en moyenne ?