Viet Nam : rendre l'éducation plus inclusive
04 avril 2024 par Katherina Hruskovec Gonzalez, GPE Secretariat |
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Au Viet Nam, trop d’enfants issus de minorités ethniques ne progressent pas dans le système éducatif parce que l’apprentissage de base ne se fait pas dans leur langue maternelle. Le GPE et la Nippon Foundation aident le pays à rendre l'éducation plus inclusive.

« Y a-t-il des minorités ethniques qui parlent des langues différentes dans votre pays ? », me souffla à l'oreille l'interprète tandis que je me retournais vers le garçon de 13 ans qui m'avait posé sa question en vietnamien. « Oui, il y en a », ai-je répondu, tout en réfléchissant à mon propre pays, le Venezuela, où nous avons une minorité de populations autochtones qui parlent d'autres langues que l'espagnol.

Il m'a posé cette question après m'avoir décrit les difficultés que rencontrent certains de ses camarades de classe qui parlent une autre langue que le vietnamien à la maison. C'est une difficulté à laquelle sont confrontés de nombreux pays multiculturels et multiethniques, et qui est particulièrement importante au Viet Nam, où vivent 54 groupes ethniques parlant 90 langues et de multiples dialectes.

Les défis de l'éducation pour les minorités ethniques

Outre un faible taux d’enfants non-scolarisés, le Viet Nam affiche un taux élevé d'achèvement du primaire, un excellent indice de parité entre les sexes et de faibles ratios élèves-enseignants. Toutefois, un trop grand nombre d'enfants issus des minorités ethniques ne bénéficient pas du soutien dont ils auraient besoin pour progresser au sein du système éducatif.

L'accès à l'éducation et l'achèvement des études sont particulièrement difficiles pour les minorités ethniques, et les possibilités limitées de croissance et de développement qui en découlent pour elles ont créé des foyers de pauvreté et des disparités en matière de capital humain.

En 2016, les minorités ethniques représentaient 14 % de la population vietnamienne, mais 73 % des habitants les plus pauvres.

L'un des principaux obstacles à l'éducation des minorités ethniques est que l’enseignement dans les petites classes ne se fait pas dans leur langue maternelle, mais en vietnamien, la langue d'enseignement utilisée dans tout le pays.

May*, grade 8 student, Lào Cai province
« En 1ère année, je pouvais comprendre et j'apprenais rapidement, mais plus on avance, plus il m'est difficile de m'exprimer. Je ne parviens pas m'exprimer en vietnamien. »
May*
Élève de 8e année, province de Lào Cai

Surmonter les barrières de la langue

Le Viet Nam reconnaît l'importance des langues maternelles dans l'éducation.

Les modèles d'enseignement bilingue testés dans les écoles maternelles et primaires ont donné des résultats positifs en ce qui concerne l'acquisition par les élèves de leur langue maternelle, l'acquisition de compétences en lecture et en écriture en vietnamien, ainsi que la confiance en soi dans la salle de classe. La généralisation de ces initiatives nécessite des ressources.

Le GPE aide le Viet Nam à rendre l'éducation plus inclusive en apportant des ressources et en soutenant la coordination entre les partenaires par le biais du fonds à effet multiplicateur du GPE, un instrument de financement innovant. Un cofinancement de 2,6 millions de dollars de la Nippon Foundation a permis au Viet Nam de débloquer un financement au titre du fonds à effet multiplicateur du GPE de 2,6 millions de dollars, Save the Children étant l'agent partenaire.

Conformément à la stratégie nationale, le programme du GPE vise à accélérer la réduction inclusive et durable de la pauvreté pour les minorités ethniques les plus en difficulté, en mettant l'accent sur le développement humain :

  • Améliorer les compétences en vietnamien des enfants d'âge préscolaire issus de minorités ethniques grâce à une approche d'éducation bilingue basée sur la langue maternelle ;
  • Améliorer la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage des langues des minorités ethniques dans les écoles primaires ;
  • Renforcer l'éducation inclusive pour les enfants en situation de handicap et les minorités ethniques.

Soutenir les enfants en situation de handicap

Sao*, mother of 12-year-old student Thao
« Elle aime aller à l'école. Elle dit qu'elle étudiera jusqu'à la fin de la 12e année, mais elle ne parle pas la langue. Le dimanche soir, elle n'arrive pas à dormir. À 3 heures du matin, elle me dit : « Maman, prépare vite le repas, je vais à l'école. »
Sao*
Mère de Thao*, élève de 12 ans

La fille de Sao, Thao, est en 5e année dans une école primaire de la province de Lào Cai et souffre d'une déficience auditive. Sa famille parle le hmong à la maison, connaît très peu le vietnamien et ne parle pas la langue des signes.

La communication est difficile pour Thao, tant à la maison qu'à l'école, d'autant plus que l'école n'a pas d'enseignants parlant le hmong.

En plus de la barrière de la langue, les enseignants ont du mal à aider Thao et les autres enfants en situation de handicap parce qu'ils n'ont pas les compétences ou le matériel d'enseignement nécessaires pour répondre aux besoins spéciaux.

Le programme du GPE aide le Viet Nam à développer du matériel pédagogique adapté aux enfants en situation de handicap et à former les enseignants à l'utilisation de ce matériel. Davantage d'enfants pourront suivre un enseignement et bénéficieront d'un soutien pour progresser dans le système éducatif.

rincipal at Thao’s primary school, Lào Cai province
« Du point de vue de l'école, nous espérons que les professeurs qui enseignent à des élèves en situation de handicap pourront bénéficier d'un soutien plus personnalisé en matière de méthodes d'enseignement pour les élèves en fonction de leurs handicaps respectifs, afin que les enfants puissent progresser plus rapidement. »
Directrice
École primaire de Thao, dans la province de Lào Cai

La force du partenariat

Récemment, les partenaires se sont réunis au Viet Nam pour lancer le programme et célébrer l'engagement de l'ensemble du système à améliorer l'accès à l'éducation des enfants les plus défavorisés.

Ce programme est le fruit d'un partenariat entre le gouvernement, les partenaires de développement, les organisations nationales, les ONG internationales et les fondations du secteur privé. Il témoigne de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous unissons nos forces pour veiller à ce qu'aucun enfant ne soit laissé de côté.

* Le nom a été modifié.

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