La société civile agit en faveur de réformes dans les écoles mauritaniennes

En Mauritanie, les citoyens et les organisations de la société civile œuvrent ensemble pour veiller à ce que les politiques du pays destinées à résoudre la crise de l'apprentissage soient mises en œuvre efficacement et produisent des résultats.

20 juillet 2022 par Ann-Sofie Jespersen, Global Partnership for Social Accountability, Grace Sinaga, Global Partnership for Social Accountability, et Saad Filali Meknassi, Global Partnership for Social Accountability
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Des participants échangeant lors des Journées bilan du projet TOME (Transparency Of Mauritanian Education Budget)
Des participants échangeant lors des Journées bilan du projet TOME (Transparency Of Mauritanian Education Budget).
Credit: ECODEV

Les associations de parents d'élèves - soutenues par le Global Partnership for Social Accountability (GPSA)de la Banque mondiale, le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et Eco-Développement (Ecodev) - collaborent avec le ministère de l'Éducation pour s'assurer de sa responsabilité quant à la prestation d'une éducation de qualité aux enfants les plus vulnérables. Il s'agit d'un excellent exemple de la manière dont l'action citoyenne peut conduire à de meilleurs résultats en matière d'éducation au niveau local et national.

Le projet TOME

Les progrès dans le secteur de l'éducation en Mauritanie sont entravés par une forte centralisation et un manque de ressources financières. En 2017, afin de soutenir le système éducatif du pays, le GPSA a accordé un financement de 605 000 dollars US à Ecodev, une organisation nationale de la société civile, pour qu’elle mène des actions qui renforcent la gestion des établissements scolaires et qui améliorent l'apprentissage.

Transparency of the Mauritanian Education Budget (TOME) est le projet qui a piloté un partenariat avec des associations de parents d'élèves, travaillant au sein de Comités de Gestion des Écoles (COGES) dans 40 écoles primaires de deux provinces. Le projet a encouragé la participation des filles et des femmes dans les comités.

Le projet TOME a développé un cadre dans lequel la société civile et le personnel du ministère de l'Éducation ont collaboré pour améliorer la qualité de l'enseignement public de base. Le projet a introduit des outils de suivi hors ligne et en ligne utilisés par tous les partenaires aux niveaux scolaire, local et régional, ainsi qu'une plateforme en ligne appelée Medrassety.net dans les écoles participantes.

Medrassety permet aux directeurs d'école de vérifier la présence des enseignants, aux enseignants de consulter le programme et les devoirs à la maison, et aux parents de voir l'emploi du temps de leurs enfants, les notes des enseignants et les événements scolaires, entre autres fonctionnalités.

Ecodev a organisé des formations avec les parents et les enseignants pour renforcer les capacités des comités de gestion des écoles. Certaines formations ont été organisées conjointement avec la COMEDUC (Coalition mauritanienne pour l’Éducation), qui bénéficie du soutien du fonds L'Éducation à voix haute du GPE. Avec 40 organisations membres, la COMEDUC cherche à faire entendre la voix des communautés locales dans le dialogue politique national.

Faire entendre la voix des communautés locales

Le projet TOME a renforcé l'interface entre l'État et les citoyens par la création de comités participatifs, ce qui rend le système éducatif plus efficace et plus responsable.

Le projet s'est engagé avec un total de 260 personnes, dont des parents, des enseignants, des directeurs d'école, des membres du personnel des services administratifs et même des maires au niveau des écoles et des régions. Au niveau national, le projet a travaillé avec des représentants du ministère de l'Éducation, des parlementaires et des groupes de la société civile comme Ecodev et la Fédération nationale des parents d'élèves de la République Islamique de Mauritanie (FENAPERIM).

« Le projet TOME nous a formés sur la manière de valoriser la relation entre les différents acteurs éducatifs et le rôle de chacun. Cette formation a rendu notre relation fluide et homogène », déclare un directeur d'école à Tidjikja.

L'efficacité de la collaboration et de la participation des parties prenantes dans le suivi des améliorations apportées à la gestion des écoles a été un catalyseur majeur pour l'adoption d'une législation fondamentale par le parlement.

Le ministère de l'Éducation a également publié plusieurs décrets et politiques, notamment :

  • Le décret N° 2019-038 réglementant l'absentéisme des enseignants dans les écoles primaires et secondaires publiques ;
  • Le décret N° 2019-039 portant sur la création des comités de gestion scolaire (COGES) ;
  • Le décret N° 2019-040 établissant un examen stratégique des capacités des enseignants du primaire afin de garantir un niveau de compétence minimal pour les enseignants de l'éducation de base ;
  • Un nouveau règlement sur l'absentéisme scolaire ;
  • La mise en place d'un mécanisme de suivi des COGES et le lancement de 1 000 comités ;
  • L'évaluation régulière des enseignants en arabe, français et mathématiques ;
  • L'augmentation des ressources allouées à l'éducation dans le budget 2020 (+10,6 % par rapport à 2019) ;
  • L'introduction de l'enseignement à distance.

En outre, Ecodev a introduit un nouveau programme intégré de nutrition et de repas scolaires couvrant la période 2019-2024. Ces initiatives soulignent le résultat positif obtenu par le renforcement de l'engagement citoyen dans le secteur de l'éducation mauritanien.

Utilisation des résultats du projet TOME pour répondre à la pandémie de COVID et éclairer un nouveau projet

Après l'apparition de la pandémie de COVID-19 en 2020, la plateforme Medrassety.net a été réorientée pour faire face à la crise. Non seulement la plateforme a aidé les parents et les enseignants à maintenir l'apprentissage des enfants, mais elle les a également aidés à faire remonter leurs préoccupations aux autorités éducatives au niveau régional.

En outre, certaines des améliorations pilotées par le TOME ont alimenté le projet d'appui à l'éducation de base (PASEB II). Le PASEB II a démarré en 2021 et est cofinancé par la Banque mondiale et le GPE. Il inclut le soutien aux comités scolaires introduits lors du TOME. Le PASEB II vise à encourager le gouvernement mauritanien à entreprendre des réformes qui mèneront à des changements dans l'éducation.

Les facteurs clés garantissant la mise à l’échelle des résultats du projet TOME sont les suivants :

  • La mise en priorité des commentaires des citoyens à l'ordre du jour ;
  • L’engagement stratégique et précoce avec les acteurs clés ;
  • Une équipe composée de divers acteurs de la société civile et du gouvernement ;
  • Un contexte politique favorable ;
  • La construction d’un exemple local fort en termes de meilleure pratique dans une école.

La responsabilité sociale, une frontière pour les établissements d'enseignement

La mise à l'échelle des résultats du projet TOME nécessite de nouvelles structures ou de nouveaux forums pour le dialogue politique formel, ainsi que des espaces dédiés à la participation de la société civile.

Le projet TOME nous a appris que travailler avec les acteurs locaux de l'éducation peut entraîner des répercussions contribuant à une meilleure gouvernance, à une meilleure prestation de services et à une efficacité accrue, ainsi qu’au renforcement du pouvoir d’action des établissements scolaires

En écoutant les parents et les enseignants, en les formant et mettant à leur disposition des plateformes formelles et informelles pour collaborer, le secteur de l'éducation en Mauritanie a été renforcé, au bénéfice de tous les apprenants.

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Commentaires

Bjr je m'appelle Clovis et j'habite au Burundi et je suis passionné par l'éducation de qualité. Je suis content pour ce que vous faites comme garant d'un avenir meilleur. Je voudrais vous demander si vous avez un bureau au Burundi? Mercii

En réponse à par Clovis Hategekimana

Bonjour Clovis,  le GPE n'a pas de bureaux délocalisés dans les pays partenaires, mais utilise des agents partenaires pour mettre en oeuvre ses financements. Au Burundi, il s'agit actuellement de l'UNICEF et de l'AFD.

Salutations. Chantal. Secrétariat du GPE

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