République centrafricaine : des cours de rattrapage permettent de maintenir les élèves à l'école

Credit: GPE/Eduardo Soteras
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Points clés

  • En République centrafricaine, 39 % des élèves abandonnent l'école primaire.
  • Le programme de rattrapage financé par le GPE maintient les enfants à l'école en fournissant un enseignement supplémentaire aux élèves peu performants risquant d'abandonner leurs études afin de renforcer leurs compétences en lecture et en mathématiques.
  • Ce programme se déroule pendant les vacances scolaires et 99 000 élèves dans 480 écoles primaires publiques en auront bénéficié d'ici 2025.
Carte de la République centrafricaine

Cet article a été rédigé en collaboration avec la Banque mondiale.

Ce sont les vacances d'été en République centrafricaine, mais Naomi Bakeré, une élève de 16 ans de l'école Boyali 2, travaille dur pour rattraper son retard en lecture et en mathématiques. Elle vit dans le village de Boyali, situé à 50 kilomètres de la capitale, Bangui.

Naomi fait partie des 99 000 élèves qui bénéficient de cours supplémentaires dans le cadre d'un programme de remédiation, qui identifie les élèves risquant de décrocher et renforce leurs compétences de base en lecture et en mathématiques pour les aider à rester à l'école.

Le professeur de Naomi a remarqué que ses compétences en lecture et en écriture étaient limitées et lui a recommandé de suivre des cours de soutien scolaire pour rattraper le niveau de ses camarades.

Naomi Bakeré
« Je participe aux cours de rattrapage parce que je veux être une journaliste plus tard. Je me dois de bien maîtriser les langues. Je participe au cours de rattrapage pour avoir un bon niveau quand je retournerai à l'école à la rentrée. »
Naomi Bakeré
Élève de 16 ans à l'école Boyali 2.
  • Des élèves participent à un cours à l'école Boyali 2, le 31 août 2023, dans le village de Boyali, en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

  • Naomi Bakeré concentrée pendant un cours de rattrapage à l'école Boyali 2, à Boyali, en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

L'éducation dans un contexte fragile

La République centrafricaine est l'un des pays les plus pauvres et les plus fragiles du monde. Affectée par de multiples crises politiques, économiques et sécuritaires au cours de la dernière décennie, la capacité du gouvernement à fournir des services d'enseignement s'est affaiblie dans la plupart des régions du pays.

Un financement du GPE de 31,6 millions de dollars, mis en œuvre par la Banque mondiale, aide le ministère de l'éducation nationale à améliorer l'accès à un enseignement de qualité, en mettant l'accent sur les enfants vivant dans des préfectures défavorisées sur le plan scolaire.

La mauvaise qualité de l'enseignement en République centrafricaine a entraîné des taux élevés d'abandon scolaire : 47 % pour les filles et 31 % pour les garçons à l'école primaire. Le gouvernement a pour objectif d'empêcher ce nombre d'augmenter, en partie en identifiant les élèves moins performants et en leur offrant des cours supplémentaires de lecture, d'écriture et de calcul.

Mahamat Ahmat
« Les défis sont immenses. Nous devons commencer par l'accès. Nous savons qu’en République Centrafricaine, le nombre d'enfants en âge d'aller à l'école augmente. Mais nous avons des problèmes d'ordre structurel : les infrastructures ne suivent pas. Nous avons également des problèmes de qualité : le nombre d'enseignants qualifiés est insuffisant. Le programme de remédiation est important dans la mesure où il contribue à parfaire le niveau des enfants qui ont des difficultés à apprendre. Nous avons beaucoup d'exemples d’enfants à risque de décrochage qui, grâce à ce programme, ont réussi à rattraper les autres et à être admis en classe supérieure. »
Mahamat Ahmat
Représentant du comité technique national responsable du programme de remédiation
  • M. Thierry Gbagama, instituteur, dispense un cours de rattrapage à l'école Boyali 2, à Boyali en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

  • Des élèves participant à un cours de rattrapage à l'école Boyali 2, à Boyali, en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

Soutenir les élèves qui risquent d'abandonner l'école

Le programme de remédiation financé par le GPE en République centrafricaine développe à grande échelle un programme élaboré et piloté par la Banque mondiale en 2020. Les cours se déroulent pendant les vacances scolaires et 99 000 élèves de 480 écoles primaires publiques en bénéficieront d'ici 2025.

En avril 2023, pendant les vacances du deuxième trimestre, plus de 21 800 élèves ont participé au programme, dépassant l'objectif de 15 000 élèves. En août 2023, environ 46 800 élèves ont participé au programme, et d'autres y participeront en décembre.

Mahamat Ahmat
« L'identification des enfants se fait par des évaluations. Ça peut être des évaluations immédiates, après une leçon. Lorsqu'on constate que l'enfant n'arrive pas à bien écrire ou lire, par exemple, on va l'aider en l'inscrivant aux cours de rattrapage. »
Mahamat Ahmat
Représentant du comité technique national responsable du programme de remédiation

Les cours de soutien scolaire sont dispensés par des enseignants qualifiés qui reçoivent une formation sur la manière d'aider les élèves en difficulté à renforcer leurs compétences en lecture, en écriture et en mathématiques.

Outre le contenu disciplinaire, la formation met l'accent sur des méthodes d'apprentissage accéléré. Les enseignants formés reçoivent un complément de salaire pour dispenser le programme pendant les vacances scolaires, et des comités de gestion au niveau de l'école supervisent le programme.

Fin octobre 2023, 801 enseignants avaient été formés pour dispenser le programme de remédiation, ainsi que 194 directeurs d'école et 43 chefs de districts scolaires et inspecteurs scolaires.

Thierry Gbagama
« Je suis devenu enseignant dans le cadre du programme de rattrapage scolaire à la suite d’une formation. Les cours de rattrapage ont été créés pour aider les enfants éprouvant des difficultés en lecture ou en mathématiques à augmenter et à rehausser leur niveau de connaissances. J'ai au total 50 élèves dans ma classe. Ce soutien fait une grande différence pour les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage et veulent abandonner les études. »
Thierry Gbagama
Enseignant de 4e année à l'école Boyali 2
Alfred
« Ma fille, Naomi, avait des problèmes en mathématiques et en français durant l'année, mais maintenant, grâce au programme de remédiation, les choses vont mieux. Elle essaie de lire tous les jours et ça l'aide beaucoup. Chaque matin, Naomi se lève tôt pour aller à l'école. Elle ne veut pas s'absenter. Mon rêve pour ma fille est qu'elle devienne infirmière mais, son rêve à elle est de devenir journaliste. Je vais l'accompagner durant toutes ces études. »
Alfred
Père de Naomi Bakeré, élève à l'école Boyali 2
  • Naomi Bakeré rentrant chez elle avec des amis de l'école Boyali 2, à Boyali, en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

  • Naomi Bakeré et son père Alfred dans leur maison à Boyali en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

Renforcer le système éducatif

Outre les cours de remédiation, les efforts visant à améliorer la qualité de l'enseignement comprennent l'introduction du Sango comme langue d'enseignement dans les petites classes, en remplacement du français.

Le Sango et le français sont les langues officielles de la République centrafricaine. La stratégie actuelle du gouvernement est de privilégier le Sango comme langue la plus susceptible d'unir les Centrafricains et de contribuer au renforcement de la cohésion sociale, car elle est le seul point commun entre certaines communautés.

  • Des élèves révèlent leurs réponses lors d'un cours à l'école Boyali 2, le 30 août 2023, dans le village de Boyali, en République centrafricaine.
    Crédit : GPE/Eduardo Soteras

Le financement du GPE soutient le développement de nouveaux supports d'enseignement et d'apprentissage en Sango, ainsi que le développement du Sango comme langue d'enseignement dans deux préfectures, entre autres activités.

Le programme soutenu par le GPE contribue également à remédier à la grave pénurie d'enseignants qualifiés et aux ratios élèves-enseignants très élevés en augmentant la capacité des centres de formation professionnelle des enseignants.

Les leçons scriptées renforcent les connaissances des enseignants et leurs compétences pédagogiques pour l’enseignement de la lecture et du calcul ; et les guides d'observation en classe renforcent le rôle des directeurs et directrices d'école.

Pour améliorer l'accès à l'enseignement, la République centrafricaine développe les infrastructures scolaires, notamment dans les préfectures défavorisées dans ce domaine.

Le GPE finance la construction de 400 salles de classe et la réhabilitation de 400 salles de classe du primaire, ainsi que la construction d'une salle de classe préscolaire dans certaines écoles. Au niveau du secondaire, le programme finance la construction de 8 nouveaux établissements et de 160 salles de classe, ainsi que la réhabilitation de 40 salles de classe.

Aboubakar Moukadas-Noure
« Il s’agit d’un processus continu. On ne dispose pas encore, pour le moment, de résultats pour nous prononcer, mais au moins, nous voyons des indices. Nous voyons les preuves de l'amélioration au niveau du secteur de l'éducation grâce à l'appui du GPE. Le GPE prend la problématique de l'éducation dans sa globalité. »
Aboubakar Moukadas-Noure
Ministre de l'éducation nationale

Grâce à l'engagement du gouvernement en faveur de l'enseignement comme levier essentiel du redressement et du développement économique du pays, davantage d'enfants en République centrafricaine ont la possibilité d'apprendre et de rester scolarisé.

Novembre 2023