Le Fonds à effet multiplicateur du GPE est un nouvel instrument financier innovant pour réunir « des ressources « accrues et mieux adaptées » pour l’éducation des enfants dans 89 pays, notamment les pays les plus touchés par la pauvreté et la fragilité.
« Accrues », parce ce que, pour chaque 3 dollars de ressources extérieures obtenus par un État pour l’éducation, celui-ci a accès à 1 dollar du Fonds à effet multiplicateur du GPE. Et « mieux adaptées », car ces ressources (comme tous les financements du GPE), soutiennent des plans sectoriels de l’éducation de haute qualité, développés avec l’aide des partenaires de développement et le Secrétariat du GPE.
Quelle est la particularité du Fonds à effet multiplicateur du GPE ?
Contrairement aux financements existants du GPE, le Fonds à effet multiplicateur est conçu pour accompagner tout type de capital extérieur. Cette nuance ouvre la voie à des solutions de financement innovantes pour l’éducation, un secteur essentiel à la croissance économique, la sécurité et la lutte contre les inégalités, et qui manque sérieusement de financement.
Prenons l’exemple d’un pays éligible à un financement de 10 millions de dollars en soutien à son plan sectoriel de l'éducation. Ce pays pourrait également être éligible à un financement supplémentaire de 15 millions de dollars grâce au Fonds à effet multiplicateur du GPE (ces chiffres sont théoriques, mais ceux des financements et des allocations du Fonds à effet multiplicateur du GPE sont généralement le résultat de formules transparentes basées sur les besoins approuvées par le Conseil d’administration du GPE).
Le pays pourrait utiliser le Fonds à effet multiplicateur du GPE pour obtenir un accord pour 50 millions de dollars de nouvel emprunt auprès d’une banque de développement régionale ou multilatérale, en diminuant ainsi le taux d’intérêt (déjà faible) du prêt bonifié. L’effet général serait d'orienter subtilement les incitations financières en faveur de l’investissement dans le capital humain, pour transformer 25 millions de dollars de financements du GPE en un investissement combiné de 75 millions de dollars.
Sept pays ont ouvert la voie
Après son adoption officielle en juin 2017, le Conseil d’administration du GPE a alloué un montant initial de 100 millions de dollars au Fonds à effet multiplicateur. En décembre, cinq mois après son lancement, le Conseil l’a révisé et approuvé une enveloppe de 67,5 millions (intitulée « allocations maximales aux pays », ou AMP) grâce à cet instrument. La décision du Conseil a fait suite à la manifestation d’intérêt de sept pays, désireux d’accéder à ces ressources supplémentaires.
Il ne s’agit cependant pas d’un instrument à taille unique : les pays utilisent la souplesse du Fonds à effet multiplicateur du GPE pour accompagner un ensemble d’acteurs dans la recherche de nouveaux financements pour l’éducation, que ceux-ci proviennent des banques de développement régionales et multilatérales ou des bailleurs et fondations privés. Les pays eux-mêmes sont aussi divers que l'État de l’île de Zanzibar ou un pays à forte population comme le Ghana. Le cofinancement potentiel peut culminer à plus de 295 millions de dollars. Cela libérerait plus de 4 dollars pour chaque dollar du Fonds à effet multiplicateur, bien au-dessus du ratio ciblé de 3 dollars pour 1 dollar.
La tâche à venir est immense. Ce financement, comme toutes les aides du GPE, doit satisfaire les normes exigeantes du partenariat en matière d’impact et de transparence, et subir le même processus d’assurance qualité que les autres financements du GPE pour les plans sectoriels de l’éducation. Au cours de ce processus, les sources de cofinancement doivent agir ; les bonnes intentions montrées dans les manifestations d’intérêt doivent se traduire par des programmes concrets sur le terrain.
Apprendre en expérimentant
Cette avancée est encourageante. Plus largement, il est vital d’apprendre autant que possible des premières expériences du Fonds à effet multiplicateur du GPE. L’examen détaillé de l'additionnalité financière de cet instrument est un des aspects d’évaluation rapide en cours ; ce terme de l’art de la finance innovante désigne la mesure dans laquelle le cofinancement catalysé par le Fonds à effet multiplicateur n’aurait pas été consacré autrement à l’éducation (et donc est véritablement additionnel).
L’objectif ultime est de déterminer s’il convient, et comment, de déployer cet instrument pour l’élargir en passant des 100 millions de dollars initiaux aux 300 millions envisagés par le Cadre de mobilisation et d’allocation de financements ambitieux du GPE. Ces ressources pourraient booster le Fonds à effet multiplicateur, compléter les financements destinés à l’éducation et élargir potentiellement les outils que ces financements accompagnent pour ouvrir la voie à des opérations telles que des échanges de dette ou les obligations à impact développemental ou social, qui gagnent du terrain dans d’autres secteurs sociaux, mais sont généralement à la traîne dans le domaine de l’éducation.
À la veille de la Conférence de financement historique du GPE à Dakar, une chose est claire : il est crucial d’augmenter les financements. Mais davantage d’argent ne suffira pas, en soi, à résoudre la crise de l’apprentissage. Sans un financement « accru et mieux adapté », nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que le monde et le partenariat élargi du GPE se sont fixés.
En tentant des expériences pilotes, en réussissant et en apprenant du Fonds à effet multiplicateur du GPE, le Partenariat travaille d’arrache-pied pour élaborer un ensemble d’outils plus large et mieux adapté pour catalyser davantage d’aide à l’éducation et investir ces ressources dans des plans sectoriels de l’éducation qui placent la barre très haut en termes d’équité, d’efficacité et d’apprentissage.